Conseil des EtatsLes containers à réfugiés fortement compromis
Les sénateurs ont refusé pour la troisième fois d’adopter un crédit pour la création de places pour l’asile près des places d’armes de Bière (VD) de Bure (JU) ou de Tourtemagne (VS).
- par
- Eric Felley
Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. le Conseil des États a refusé mardi pour la troisième fois un crédit permettant la construction de villages containers près des places d’armes de Thoune (BE), Tourtemagne (VS), Bière VD et Bure (JU). La semaine dernière, le Conseil national avait accepté une proposition de diviser par deux le crédit demandé de 132,9 millions de francs. Il s’agissait d’un compromis de la Commission des finances du Conseil des États, que son plénum avait toutefois refusé par 23 voix contre 19 et 2 abstentions.
Cette fois, le Conseil des États a refusé par 25 voix contre 18 et 0 abstention. La rapporteuse de la Commission des finances, Johanna Gapany (PLR/FR) avait pourtant enjoint ses collègues à suivre la majorité de la commission pour se rallier au vote du National. À la suite d’une rencontre avec les responsables du Secrétariat d’État aux migrations (SEM), une majorité de la commission était convaincue de voter ce crédit pour anticiper l’arrivée de nouveaux requérants.
Pour une bonne gestion des arrivées
Johanna Gapany a rappelé qu’actuellement la capacité d’accueil de la Confédération est d’environ 10 100 places. 54% des places sont occupées aujourd’hui. «Les demandes sont croissantes et seront en augmentation dans les semaines à venir, a-t-elle plaidé. Il y a une véritable nécessité d’avoir une stratégie de la Confédération. Attendre encore, c’est risqué, pour les cantons et les communes, risqué pour les personnes à accueillir, risqué pour les citoyens, il est important d’avoir une bonne gestion des arrivées».
Karin Keller Sutter a également appuyé cette demande. Mais le Conseil des États a maintenu sa réticence. Même en divisant par deux le nombre de places (de 3000 à 1500), l’opposition de principe est restée.
Protection civile?
Benedikt Würth (C/SG) a plaidé une nouvelle fois pour refuser ce crédit et laisser les cantons s’en occuper, notamment en utilisant des locaux de la protection civile plutôt que des containers. Olivier Français a contesté cette stratégie: «Il est vrai que nous avons, dans nos infrastructures de protection civile, des disponibilités théoriques; j’insiste bien: des disponibilités théoriques. (…) Si vous faites cet exercice dans vos communes en particulier, vous vous rendrez vite compte des difficultés auxquelles on est confronté pour tout simplement mettre à disposition ces abris, pour qu’ils soient d’abord en état de fonctionner et surtout en raison des infrastructures à mettre en place».
Les représentants des cantons concernés par les places d’armes de Tourtemagne et Thoune, Beat Rieder (C/VS) et Werner Salzmann (UDC/BE), sont venus appuyer le camp du refus aux villages de containers. Une séance de conciliation doit avoir lieu d’ici jeudi entre les représentants des deux Chambres. Mais leur construction paraît bien compromise.