Chute du CSCredit Suisse versait des milliards de bonus chaque année malgré tout
Dans aucune autre banque suisse, la différence entre les pertes et les salaires et bonus versés n’a été aussi importante qu’au Credit Suisse ces dernières années.
Les bonus mirobolants que se versent les banquiers ont toujours été mal perçus par la population. Et ceux que versait Credit Suisse (et que vient de geler le Conseil fédéral) ne faisaient pas exception. En effet, le «Tages-Anzeiger» a sorti la calculette pour savoir combien de bonus avaient été versés ces dernières années, alors même que la banque allait de plus en plus mal. Et les chiffres sont édifiants.
Pour 32 milliards
Dans aucune autre banque suisse, la différence entre les pertes réalisées et les salaires et bonus versés n’a été aussi importante qu’au CS, annonce le «Tagi». Ces dix dernières années, la banque a subi des pertes nettes de plus de 3 milliards de francs. Mais elle a distribué des rémunérations à hauteur de 32 milliards!
Même quand Credit Suisse a enchaîné les pertes entre 2015 et 2017, elle a versé quand même plus de 3 milliards de bonus à chaque fois. Et en 2021, quand CS a perdu beaucoup d’argent, la banque en a encore versé pour 2 milliards. Il n’y a que lors des exercices 2010 et 2018 que le bénéfice a été légèrement supérieur aux bonus.
Une élite privilégiée
Le «Tages-Anzeiger» souligne encore que malgré la crise, Credit Suisse a continué d’engager des cadres supérieurs dits aussi les «risk-takers». En 2022, elle en dénombrait 1557, soit 3x plus qu’il y a 10 ans. Ces cadres gagnaient en moyenne 1 million de francs par an et travaillaient pour la plupart à New York ou Londres dans la banque d’investissement, soit le secteur qui a entraîné le plus de pertes pour la banque y compris en termes d’amende. Malgré tout, depuis 2013, cette élite a encaissé plus de 15 milliards, souligne le quotidien.
Les dirigeants sont également épinglés, notamment Brady Dougan, le big boss de Credit Suisse entre 2007 et 2015. Alors qu’à son arrivée, une action s’échangeait à plus de 90 francs, elle avait perdu 64% à son départ. Ce qui n’a pas empêché l’Américain de toucher 160 millions durant cette période. En 2010, il a même reçu une prime spéciale de 71 millions, en plus de son salaire de 19 millions! Et le Tagi de calculer que les grands dirigeants de CS ont gagné ensemble 265 millions de francs depuis 2007 alors que l’action a dégringolé de 95%…