FrancePour complicité de viol d’une ado et séquestration, trois femmes incarcérées
Les trois prévenues étaient accusées d’avoir retenu, en 2014, une fugueuse dans un appartement et de l’avoir obligée, sous la menace de coups, à avoir des relations sexuelles avec des hommes.
Trois femmes ont été condamnées, près d’une décennie après les faits, à six, huit et neuf ans de prison ferme par la Cour d’assises des Hauts-de-Seine, dans la nuit de vendredi à samedi, pour complicité de viol, violences et séquestration d’une adolescente de 15 ans.
Deux hommes ont été condamnés à quatre et six ans ferme pour viol, un troisième a été acquitté. Les six accusés comparaissaient libres pour ces faits qui datent d’avril 2014. Des peines «difficiles à accepter pour la victime, au regard de la violence des faits», mais qui, «certes, prennent en compte les années passées», a souligné l’avocat de la victime.
D.K., W.H. et C.W., à l’époque âgées de 21, 22 et 43 ans, étaient accusées d’avoir retenu la victime dans un appartement de Meudon, dans les Hauts-de-Seine, et de l’avoir obligée, sous la menace de coups, à avoir des relations sexuelles avec des hommes contactés à cet effet.
«Histoires de garçons»
En fugue au moment des faits, la victime avait rejoint en région parisienne D.K. et W.H., d’«anciennes amies» avec qui elle s’était disputée, par le passé, pour des «histoires de garçons». Toutes les trois étaient hébergées par C.W.
Les trois accusées étaient jugées pour séquestration «avec torture ou actes de barbarie», proxénétisme et complicité de viol.
Dans sa décision, rendue peu avant 3h du matin, après cinq jours d’audience, la Cour d’assises de Nanterre n’a pas retenu le proxénétisme et a requalifié les faits de «tortures ou actes de barbarie» en «violences volontaires en réunion et avec armes».
En larmes
W.H., condamnée à neuf ans de prison ferme, a fondu en larmes à l’énoncé du verdict, et plusieurs de ses proches sont sortis de la salle en pleurant. L’avocate générale avait requis cette peine à son encontre, la présentant comme «la plus violente», ainsi que contre C.W., «tenancière de la honte». Elle avait demandé sept ans pour D.K., qualifiée de «bras droit de l’humiliation», retenant l’altération du discernement. C.W. et D.K. ont été condamnées à respectivement huit et six ans ferme.
À l’encontre des trois hommes accusés d’avoir violé la jeune fille, l’avocate générale avait réclamé des peines de sept ans de prison, leurs avocats plaidant l’acquittement. Le premier a été acquitté, les deux autres écopent de six et quatre ans de prison ferme.
«Qu’il y ait des peines aussi importantes dix ans après les faits, à cause d’une défaillance de la justice, je trouve ça choquant», a regretté un des avocats. «On ne répare pas la victime et on détruit des vies qui ont été reconstruites, des gens qui n’ont rien commis d’autre après ces faits» de 2014.
«Défouloir existentiel»
Dans son réquisitoire, l’avocate générale avait dépeint «une innocente dont le corps et la dignité ont été réduits à bien peu de choses trois jours durant», par trois femmes qui l’ont utilisée comme «défouloir existentiel».
Mercredi, la victime, aujourd’hui âgée de 24 ans, avait raconté à la Cour des coups, des insultes, des menaces au couteau, des rapports sexuels forcés, dont elle ne parvenait pas à se souvenir en détail. «C’est une jeune fille de 15 ans que l’on a traitée autrement qu’un être vivant», avait déclaré son avocat.