Le roi de Suède, le play-boy turbulent devenu sage monarque

Le roi Carl XVI Gustaf de Suède, qui fête vendredi son jubilé, a conquis au fil de son règne la considération des Suédois, estompant l’image du play-boy fou de voitures propulsé très jeune sur le trône.

Son discours poignant de janvier 2005 en hommage aux 500 victimes suédoises du tsunami a touché ses concitoyens, là où le gouvernement peinait à trouver le ton juste.

«Et si, comme le roi dans les contes de fées, je pouvais tout arranger et terminer l’histoire par «Et ils vécurent tous heureux jusqu’à la fin des temps?» dit-il alors. «Mais, moi comme vous, je ne suis qu’un homme en deuil, en recherche, un compagnon d’infortune», déclare-t-il dans son discours.

Peu à l’aise en public, souffrant de dyslexie, le roi s’ouvre à ce moment sur la perte de son père, qu’il n’a pas connu, gagnant la reconnaissance des familles de victimes et du grand public.

Né le 30 avril 1946, Carl Gustaf Folke Hubertus Bernadotte n’avait que neuf mois quand son père décède dans un accident d’avion au Danemark.

Ayant vécu aux côtés de ses quatre sœurs plus âgées et d’une mère fréquemment absente, la princesse Sibylle de Saxe-Cobourg et Gotha, il succède à son grand-père, le roi Gustaf VI Adolf, à l’âge de 27 ans en 1973.

Ce fut «juste très dur» de devenir le plus jeune roi du monde, reconnaîtra-t-il plus tard. «Je pense que personne ne peut réellement comprendre ce qu’une telle tache implique au niveau personnel», dit-il en 2003 à la radio publique suédoise.

Carl XVI Gustaf partage avec la reine Margrethe II du Danemark le record de longévité sur le trône pour un souverain en exercice. Il est aussi le monarque suédois à avoir régné le plus longtemps dans l’histoire du pays.

Malgré cette longévité, le roi a peiné à gagner le respect de ses concitoyens.

Apparu torse nu dans un hebdomadaire people quelques mois avant de devenir monarque, il n’a jamais totalement réussi à se défaire de son image de play-boy.

En 2010, un livre sur sa vie privée dépeint le roi en coureur de jupons et affirme qu’il a fréquenté les sex-clubs dans les années 90.

Il reprend également des affirmations antérieures sur de prétendues nombreuses liaisons avec des femmes plus jeunes.

L’ouvrage controversé, «Le monarque réticent», porta un coup à sa popularité, lui ne démentant jamais clairement ces affirmations.

«Maintenant, nous tournons la page», a dit le roi. La confiance des Suédois dans la monarchie n’a cependant jamais vraiment été remise en cause.

Grand amateur de voitures de luxe, Carl XVI Gustaf collectionne modèles américains, voitures suédoises classiques et sportives européennes.

En juin 1976, il a épousé une roturière d’origine allemande, l’interprète Silvia Sommerlath, de trois ans son aînée. Le couple, qui s’est rencontré lors des Jeux olympiques de Munich en 1972, a eu trois enfants: La princesse héritière Victoria, le prince Carl Philip et la princesse Madeleine.

Victoria, née le 14 juillet 1977, devrait lui succéder et devenir la première reine en près de 300 ans.

Elle bénéficie d’une popularité record, une majorité des personnes interrogées dans un sondage récent de l’institut Ipsos pour le quotidien Dagens Nyheter souhaitant qu’elle prenne dès à présent la succession de son père.

En janvier, le roi avait critiqué le caractère rétroactif de la décision prise par la Suède dans les années 80 de changer l’ordre de la succession puisque c’est désormais l’aîné de ses enfants, quel que soit son sexe, qui peut lui succéder.

Au cours de son règne, le roi a tenté d’alléger les obligations de sa famille et d’exercer son rôle à l’unisson de l’évolution de la société suédoise.

En 2019, il retire à cinq de ses sept petits-enfants le titre d’Altesse royale pour leur simplifier la vie. Tous conservent en revanche leur titre de prince ou princesse.

Sportif, le roi a participé à trois reprises à la mythique course de ski de fond, la Vasaloppet, sur son tracé de 90 km.

Carl XVI Gustaf n’a pas d’ennui de santé majeur mais a dû subir une petite opération cardiaque en février.