Football: Yvon Mvogo, le gardien qui vous veut du bien

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FootballYvon Mvogo, le gardien qui vous veut du bien

10 ans en équipe de Suisse, 6 sélections. Sans revendiquer rien d’autre que son bonheur d’être là, le Fribourgeois profite du rassemblement du moment pour prendre un peu de lumière.

Florian Vaney - Dublin
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Florian Vaney - Dublin
Yvon Mvogo a enfin trouvé un environnement stable en club.

Yvon Mvogo a enfin trouvé un environnement stable en club.

Toto Marti/Blick/freshfocus

Le football attribue des rôles. Brutes, gentlemen, coéquipier loyal, ambiancieur, râleur, comédien, joker. C’est le lot du sport spectacle. Taper dans un ballon reste la base, le noyau. Autour, un univers plus ou moins fantaisiste et vraisemblable se dessine. Et se décline au gré des vérités et des rumeurs.

Yvon Mvogo est le gardien de Lorient. Voilà pour la partie factuelle. Son rôle? Celui du gentil, du bon gars. Celui qui, à l’heure du choix, est sans trop d’hésitation placé dans le «camp du bien».

Lorsque le Fribourgeois a fêté sa première sélection avec l’équipe nationale suisse, il s’est retourné. Au sens figuré. Il y a vu l’un de ses formateurs au Team AFF (celui de l’association fribourgeois) et lui a offert son maillot. Symbole d’une reconnaissance si rare à ce niveau. Quand Murat Yakin l’appelait dans le groupe au printemps 2022 pour la Ligue des nations, le gardien parlait d’un «cadeau». Pas d’un dû, pas d’une évidence, pas d’un juste retour des choses. Là encore: reconnaissance et pragmatisme. «Ça fait énormément de bien d’être là, de revoir les copains. Je vois ce moment comme une bande d’amis qui se retrouvent pour prendre du plaisir», appréciait-il alors.

Des bonnes notes pour avoir droit au foot

La casquette du gentil n’est pas tombée du ciel sur la tête du Camerounais d’origine, né un jour de juin 1994 à Yaoundé. Sans doute son éducation l’a-t-elle aidé à ne pas dériver du bon chemin. «Watson» révélait il y a trois ans la nature d’un deal qui aide à situer psychologiquement le portier.

Lorsqu’il est ado, sa maman passe un contrat avec le Team AFF. Yvon ne doit jouer et s’entraîner que si ses résultats scolaires et son comportement à l’école sont exemplaires. Sinon, le foot s’arrête pour lui. «Ma maman, ma soeur, elles ont tellement compté dans mon parcours.» Comme deux épaules sur lesquelles s’appuyer dans les moments compliqués de sa carrière. «Celui qui me vient en tête d’instinct, c’est mon départ à l’étranger, à Leipzig.» Où il n’a disputé que 19 matches en trois saisons.

Il faut croire que le jeune homme a fait le nécessaire sur les bancs de l’école. Sinon, ce n’est pas lui qui serait entré en jeu en urgence à la 38e minute samedi à Copenhague, lorsque Yann Sommer s’est tordu la cheville. Cela aurait pu être Gregor Kobel. Sauf que, en opposition à Yvon Mvogo, le gardien du Borussia Dortmund porte actuellement un costume peu enviable. Il est une tête qui dépasse, un indésirable. Son agent, Philipp Degen, n’a rien fait pour adoucir la situation, en s’en prenant à Murat Yakin en fin d’année dernière parce qu’il n’accordait pas sa chance à son poulain. En début de rassemblement la semaine passée, Kobel quittait prématurément la sélection.

Cet esprit de contestation, Mvogo n’en fait pas étalage. Soit parce que ça ne lui ressemble pas, soit parce qu’il n’a rien à contester. Quand bien même il fait partie du cadre élargi de l’équipe de Suisse depuis bientôt 10 ans. Et qu’en une décennie, il n’a eu l’occasion de représenter la Nati sur le terrain qu’à 6 reprises.

Le nouveau No 2 de l’équipe de Suisse?

Mardi en Irlande, cela fera probablement 7. À ce rythme, chaque sélection se savoure. Pour lui, elles doivent avoir le goût de la patience et de l’abnégation. À 29 ans, Yvon Mvogo s’en délecte enfin. Lorient lui a enfin offert un cadre stable en Ligue 1 après tellement de saisons à devoir garder le sourire depuis le banc, à Leipzig ou au PSV.

En équipe de Suisse, bien sûr, il faudra s’effacer une nouvelle fois lorsque Yann Sommer sera de retour. Mais il existe un monde où il est permis de penser que le Fribourgeois a gagné ses galons de No 2 dans la hiérarchie helvétique. Parce que la situation autour de Gregor Kobel se veut plus que délicate et conflictuelle. Et parce que Jonas Omlin vient de vivre une saison complètement gâchée par une blessure à l’épaule.

«La concurrence, je ne la contrôle pas, contre-t-il, loin de voir dans la situation présente un acquis. Ce que je peux faire, c’est travailler pour être apte lorsque l’équipe fait appel à moi, pour améliorer les chances que le coach me choisisse. Si je crois en moi, c’est déjà beaucoup.» La Suisse aussi croit en lui.

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