CyclismeMarlen Reusser: «On l'a fait à l'intuition!»
La Bernoise de 31 ans a terminé sur le podium de Liège-Bastogne-Liège, derrière notamment sa coéquipière Demi Vollering. La coureuse de la SD Worx s’étonne année après année.
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La Suissesse seule dans la Cote de la Redoute.
AFPMarlen Reusser, docteur en médecine et ancienne élue verte, n’est pas une cycliste comme les autres. Elle a découvert tard son métier de coureuses cyclistes et la double championne d’Europe du contre-la-montre ne sait pas encore quelles sont ses limites. Dimanche, elle a même sprinté victorieusement pour arracher la 3e place de la «doyenne» du calendrier cycliste. Interview d’une femme heureuse.
Est-ce que la SD Worx a fait la course parfaite?
Alors ça, c'est à vous de le dire... Je pense que tout s'est en effet déroulé parfaitement pour notre formation, même si ce qu'il s'est passé sur la route n'était pas du tout le plan de départ... On l'a fait à l'intuition! Et puis sur la ligne d'arrivée, il s'est avéré que c'était le plan parfait.
Vous mettre dans l'échappée n'était pas le but ce matin?
Il faudrait que je revoie la course... Moi, je ne m'attendais pas à être devant! Je voulais surtout économiser mes jambes au maximum. Et puis tout à coup, alors que j'étais à l'avant du peloton, il y a des filles qui ont commencé à attaquer et, parmi elles, des coureuses tellement fortes que je ne pouvais pas ne pas y aller. Dans l'échappée, j'ai essayé de garder de l'énergie au maximum, même si j'ai pris mes relais. Je suis très heureuse de ma forme. Je ne m'attendais pas à avoir de si bonnes jambes aujourd'hui (ndlr: dimanche).
Il y a un moment où vous vous êtes dit que ça allait le faire?
Non, je ne me suis pas dit ça. J'y ai pensé au bout d'un moment, mais pour être honnête, il y a un moment où j'ai compris que non. Je ne sais plus quelle montée c'était, j'ai tourné à gauche et je me suis retrouvée avec un énorme vent de face. Je savais que je ne pourrais pas passer les 7 kilomètres de plat qu'il y avait dans la foulée toute seule. C'était trop dur en solo. Derrière moi, il y avait des grimpeuses qui pouvaient se cacher dans les roues de leurs équipières et c'était devenu clair qu'elles allaient me rattraper. J'espérais juste que ça allait être le plus tard possible. Ensuite, j'avais toujours quelques réserves et ce n'était pas fini pour moi. Ce sentiment est assez sympa.
Vous n'étiez pas prévue sur la Flèche Wallonne mercredi, vous avez prolongé votre contrat samedi et vous voilà sur le podium à Liège...
En ce moment, je suis super contente dans cette équipe. Je vois qu'il y a toujours des possibilités de m'y développer. J'apprends encore et ça a été une des raisons qui m'ont poussée à prolonger. D'une année seulement, parce que je suis déjà très âgée, vous comprenez (elle rigole)... Je ne sais toujours pas jusqu'où je peux aller. Là, j'ai l'impression d'avoir les jambes de ma vie. La semaine a été super dure, mais j'arrive encore à faire un bon résultat. Ça me montre que je ne suis pas du tout au bout de mon chemin de cycliste.
Elise Chabbey (5e): «Que du bonheur»
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La Genevoise a de nouveau pesé sur la course.
Imago«J'étais déjà à bloc dans la dernière bosse de la Roche-aux-Faucons. C'était dur, avec Marlen derrière en plus... J’ai fait de mon mieux au sprint mais c’était rude. J’aurais voulu mieux, je suis un peu frustrée, parce que je pensais que ça allait revenir sur les deux de devant dans la descente. Avec les jambes que j'avais, je pense que j'aurais pu être dans le groupe devant... Au sein de mon équipe Canyon-SRAM Racing, on est toujours bien placé à l'avant. Cette année, on a bien progressé au niveau du travail collectif. On est agressives, on essaie des choses. C'est clair qu'un jour ça va payer. Personnellement, je ne visais pas forcément ces Ardennaises. J'étais plutôt là en tant que coéquipière. Mais mon pic de forme est arrivé un peu plus tard que prévu. C'est vraiment cool. J'ai pris du plaisir sur ces épreuves. Ça n'a été que du bonheur!»