Libye: sur fond de chaos politique, la colère sociale gronde de plus en plus fort

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LibyeSur fond de chaos politique, la colère sociale gronde de plus en plus fort

La pression monte ce samedi sur les dirigeants rivaux en Libye, au lendemain de l’intrusion de manifestants dans le Parlement à Tobrouk. Des appels à d’autres protestations ont été lancés.

Les manifestants dénoncent l’incurie de leurs dirigeants et la détérioration des conditions de vie dans un pays pourtant doté des réserves pétrolières les plus abondantes d’Afrique.

Les manifestants dénoncent l’incurie de leurs dirigeants et la détérioration des conditions de vie dans un pays pourtant doté des réserves pétrolières les plus abondantes d’Afrique.

AFP

Incapables de régler leurs querelles politiques, les dirigeants rivaux en Libye se trouvent samedi sous une pression croissante de la rue, au lendemain de manifestations à travers le pays provoquées par des coupures d’électricité chroniques en pleine canicule. Le calme semble être revenu à Tobrouk, où des manifestants ont forcé vendredi l’entrée du Parlement à l’aide d’un bulldozer avant d’y mettre le feu. Mais des internautes ont appelé à de nouvelles protestations dans la ville en soirée.

Le Parlement de Tobrouk est l’un des symboles de la division de la Libye entre un camp basé en Cyrénaïque (Est), dont le chef de file est le maréchal Khalifa Haftar, et un gouvernement basé à Tripoli (Ouest), dirigé depuis 2021 par Abdelhamid Dbeibah. Le camp Haftar appuie un gouvernement rival formé en mars dernier. Ses partisans bloquent depuis mi-avril des installations pétrolières clefs comme moyen de pression pour déloger l’exécutif de Tripoli.

Routes bloquées et bâtiments officiels locaux incendiés

Si aucun rassemblement de grande ampleur n’a eu lieu samedi, des manifestants ont bloqué des routes dans la cité portuaire de Misrata (ouest), après avoir saccagé et incendié la veille le siège du Conseil municipal, selon un journaliste local. Des milliers de personnes ont battu le pavé à travers le pays vendredi, de Benghazi à la capitale Tripoli, en passant par les villes orientales de Tobrouk et al-Baïda. Même dans le Sud, à Sebha, des manifestants ont incendié un bâtiment officiel, d’après des images diffusées par des médias.

Les manifestants dénoncent l’incurie de leurs dirigeants et la détérioration des conditions de vie dans un pays pourtant doté des réserves pétrolières les plus abondantes d’Afrique. «Nous voulons avoir de la lumière», ont scandé les protestataires, en référence aux coupures d’électricité qui durent une douzaine d’heures quotidiennement, voire 18 heures les jours de forte chaleur.

Bras de fer autour du secteur névralgique de l’énergie

Le secteur névralgique de l’énergie est depuis mi-avril une victime collatérale des divisions politiques, avec une vague de fermetures forcées de sites pétroliers, conséquence d’un bras de fer entre les deux gouvernements rivaux. La Compagnie nationale de pétrole a affirmé jeudi que les blocus pétroliers entraînaient aussi une baisse de la production de gaz nécessaire à l’approvisionnement du réseau électrique.

Outre les coupures de courant, les Libyens vivent au rythme des pénuries de liquidités et d’essence. Les infrastructures sont à plat, les services défaillants. À l’Est comme à l’Ouest, des milices mènent «d’immenses trafics qui provoquent des pénuries graves d’essence pour la population ordinaire. Enfin, il y a la kleptocratie et la corruption systématiques à l’Est comme à l’Ouest que les belles voitures et villas des élites rappellent constamment au grand public», explique l’analyste Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye.

Pour l’ambassadeur de l’Union européenne en Libye José Sabadell, les manifestations «confirment que les gens veulent du changement à travers des élections et leur voix doit être entendue».

(AFP)

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