CommentaireCanicule 2022: un baromètre politique à géométrie variable
Ceux qui annonçaient le changement climatique sont au front pour dire qu’ils avaient raison et qu’il faut aller plus vite. Pour les autres: l’hiver, il fait froid, l’été il fait chaud, et alors?
- par
- Eric Felley
«Plusieurs centaines de morts en Espagne et au Portugal», «Le sud de l’Europe brûle», «Les forêts sont en feu», «L’Europe a un avant-goût des températures extrêmes», «La France sous la canicule… une apocalypse de chaleur»… Le 20 juillet, les Vert.e.s suisses ont diffusé sur Twitter une vidéo (ci-dessous) compilant les titres alarmants de cette canicule 2022. «Est-ce vraiment le monde dans lequel nous voulons vivre?» s’interroge le Parti écologiste. Évidemment que non.
Les remèdes contre le mal
D’aucuns rappellent que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié cette année deux rapports alarmants, dont le second qui indique les voies à suivre: développer le solaire, l’éolien, stopper la déforestation, électrifier les véhicules, prendre l’avion le moins possible, réduire au maximum la consommation de viande et isoler les logements. Pour d’autres, c’est l’occasion de booster l’économie circulaire, le recyclage, d’interdire les plus lourds 4x4, d’élargir les pistes cyclables ou faire baisser le prix des billets de train.
La faute aux éruptions solaires
Sur le plan politique suisse, cette canicule, qui tombe à une année des élections fédérales, s’invite bien sûr au cœur de la campagne à venir. Apeuré ou angoissé par cette folle évolution climatique, l’électorat se tournera-t-il davantage vers les partis qui ont toujours mis l’écologie en tête de leurs préoccupations? Sur les réseaux sociaux, la réplique s’organise déjà: «L’été, il fait chaud, l’hiver il fait froid, et alors?» «En 1911, il y a eu une canicule et personne n’en parle…», «Que d’histoires pour cinq jours autour de 35 degrés…», «Rien à voir avec le CO₂, c’est la faute aux éruptions solaires…»
La climatologue Martine Rebetez a rappelé cette semaine sur la RTS que nous avons déjà perdue des années à ne pas prendre conscience de ces changements. Selon elle, ce qui est perdu est perdu, mais on peut encore limiter les dégâts en arrêtant d’utiliser les énergies fossiles le plus rapidement possible. Tout devrait s’accélérer, mais en Suisse tout demande du temps pour trouver des compromis et un consensus devant le peuple. Si les rapports de force politiques ne changent pas, il n’y aura pas de décision signifiant une rupture dans l’appréhension de la situation climatique. La dernière fois que cela s’est produit, c’était avec l’abandon du nucléaire, que certains veulent remettre en cause aujourd’hui.