Aéronautique – Les jets privés font fi de la pandémie et des prix du pétrole

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AéronautiqueLes jets privés font fi de la pandémie et des prix du pétrole

L’aviation d’affaires a quasi doublé sa part de marché par rapport à 2019 pour monter à 12% du transport aérien en 2021, selon Eurocontrol.

Sur cette photo d’archive prise le 19 mai 2015, des hôtesses sont vues à l’intérieur d’un jet d’affaires Bombardier Global 6000 exploité par Vistajet.

Sur cette photo d’archive prise le 19 mai 2015, des hôtesses sont vues à l’intérieur d’un jet d’affaires Bombardier Global 6000 exploité par Vistajet.

AFP

Entre le «Flygskam» (la honte de voler), la pandémie et maintenant la flambée des prix du pétrole, les compagnies aériennes cumulent les turbulences. Les opérateurs de jets privés, eux, se sont rarement aussi bien portés.

Face à la peur du virus, mais aussi à la suppression de nombreux vols réguliers, la demande pour les jets privés s’est envolée. Selon Eurocontrol, l’organisme de surveillance du trafic, l’aviation d’affaires a quasi doublé sa part de marché par rapport à 2019 pour monter à 12% du transport aérien en 2021.

«L’aviation privée dans son ensemble a connu une augmentation incroyable de la demande», confirme Philippe Scalabrini, le directeur pour l’Europe du Sud de VistaJet.

«Les gens qui peuvent se le permettre veulent un avion entier à leur disposition, sans avoir à partager», explique-t-il. L’an passé, cet «effet Covid» a dopé de 90% le nombre d’heures de vol vendues par cette compagnie de jets privés.

La demande a été telle que cette compagnie fondée en 2004 par le milliardaire suisse Thomas Flohr a annoncé le rachat de l’allemand Air Hamburg fin février, trois jours avant l’invasion de l’Ukraine, afin d’augmenter de 30% son nombre d’heures de vol.

S’il est «un peu tôt» pour évaluer les conséquences du conflit, M. Scalabrini reste globalement confiant.

La clientèle russe représente «moins de 5%» de son chiffre d’affaires. Et avec les tensions dans les chaînes d’approvisionnement, «les dirigeants d’entreprise sont pressés de retourner voir leurs fournisseurs en Asie», argumente-t-il.

Un avion à 72 millions de dollars

VistaJet avait suspendu tous ses vols pour la Russie avant les sanctions en attendant de voir comment la situation allait évoluer.

«Nous avions peur d’avoir des avions cloués au sol», explique M. Scalabrini, qui présentait à Genève le fleuron de la flotte de VistaJet, un biréacteur Global 7500 du constructeur canadien Bombardier, qui coûte 72 millions de dollars (68 millions de francs).

Avec des contrats qui débutent à 500 000 euros par an, quasi autant en francs, Vistajet s’adresse surtout à de riches particuliers et dirigeants d’entreprise, un nombre croissant venant désormais du secteur des technologies. La clientèle reflète «l’évolution générale de l’économie», constate-t-il.

Dix fois plus polluant

Un vol en jet privé est dix fois plus polluant qu’un vol commercial, selon l’ONG Transport et Environnement.

Les questions environnementales vont être un «des grands enjeux» de l’aviation d’affaires, selon Philippe Berland, spécialiste du transport aérien au sein du cabinet Sia-Partners.

À court terme, la question est de savoir comment le transport aérien va absorber le choc des prix du pétrole et si les compagnies de jets privées parviendront à fidéliser la nouvelle clientèle qui a afflué pendant la pandémie avec la reprise de l’aviation commerciale.

«Sur ce segment où l’heure de vol est déjà très chère, le prix n’est pas le seul facteur. Quand on embarque au Bourget, le départ est très rapide», souligne-t-il, certains de ces clients étant susceptibles d’avoir pris goût aux vols en jets privés.

Selon Pascal Fabre, expert aéronautique du cabinet Alix Partners, l’aviation d’affaires est «très peu sensible au prix du pétrole».

Lorsqu’une entreprise ou un particulier achète un avion «à plusieurs dizaines de millions de dollars, la facture de carburant n’est pas un souci, même à plus de 100 dollars le baril», assure-t-il.

(AFP)

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