JaponUn sénateur japonais pro-russe forcé de quitter son parti
Muneo Suzuki s’était rendu la semaine dernière à Moscou, une première depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’an dernier, prenant de court le gouvernement nippon.
Un sénateur japonais a été poussé mardi à démissionner de son parti d’opposition après avoir effectué la semaine dernière un séjour en Russie, une initiative personnelle qui avait embarrassé l’ensemble de la classe politique dans son pays. Muneo Suzuki, 75 ans, a remis une lettre de démission au Parti japonais de l’innovation, qui l’a acceptée, a déclaré le secrétaire général de cette formation populiste Fumitake Fujita lors d’une conférence de presse.
Rencontre avec un ministre
Son parti s’apprêtait à l’exclure pour ne l’avoir pas informé au préalable de son voyage en Russie, alors que Tokyo condamne fermement l’invasion russe de l’Ukraine, depuis début 2022 et participe aux sanctions internationales contre Moscou. Muneo Suzuki avait notamment rencontré à Moscou le ministre adjoint de la diplomatie russe Andreï Rudenko. Puis dans un entretien vidéo avec l’agence de presse russe Sputnik, il avait dit être confiant «à 100%» dans la victoire de la Russie face à l’Ukraine.
A son retour au Japon en fin de semaine dernière, l’élu de Hokkaido (nord du Japon) avait refusé de s’excuser d’avoir entrepris ce déplacement en Russie, qui visait selon lui à poser des jalons pour un cessez-le-feu en Ukraine dès que possible. Depuis l’an dernier le Japon déconseille à tous ses citoyens de se rendre en Russie «quel qu’en soit le motif», avait rappelé mardi dernier la ministre japonaise des Affaires étrangères, Yoko Kamikawa, laissant entendre que cette consigne s’appliquait aussi aux parlementaires.
Passé sulfureux
Muneo Suzuki est connu depuis longtemps comme un ardent partisan d’un renforcement des relations russo-japonaises. Il a aussi été accusé et condamné pour corruption au début des années 2000, ce qui l’avait forcé à quitter le Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice), la principale formation politique japonaise au pouvoir.
Mais ce passé sulfureux ne l’avait pas empêché dans les années 2010 de devenir un conseiller diplomatique informel du Premier ministre japonais d’alors Shinzo Abe, quand celui-ci cherchait de nouveau à réchauffer les liens bilatéraux avec la Russie.