ChineSenseTime flambe pour son entrée en Bourse à Hongkong
L’action du spécialiste chinois de l’intelligence artificielle était en forte hausse jeudi au premier jour de sa cotation à la Bourse de Hongkong, malgré son inscription sur la liste noire américaine.
Le titre SenseTime a flambé ce jeudi lors de son entrée à la Bourse de Hongkong. En matinée, il gagnait plus de 23% à 4.74 dollars de Hongkong. L’entreprise chinoise spécialisée dans la reconnaissance faciale a levé 5,78 milliards de dollars de Hongkong (650 millions d’euros) en introduisant 1,5 milliard de titres à 3.85 dollars de Hongkong l’unité, soit le bas de la fourchette de prix fixée pour ses débuts.
Selon l’agence d’information financière Bloomberg, SenseTime avait auparavant sécurisé 512 millions de dollars (454 millions d’euros) auprès de neuf investisseurs institutionnels, dont le fonds public chinois Mixed-Ownership Reform Fund.
Placé sur liste noire
L’entreprise a été placée début décembre sur liste noire par le Trésor américain, qui l’accuse d’avoir mis au point une technologie permettant d’identifier spécifiquement des membres de l’ethnie ouïghoure en Chine.
SenseTime, qui avait fustigé des «accusations infondées» et s’était plaint d’être «pris au milieu de tensions géopolitiques», avait alors reporté son entrée en Bourse initialement prévue le 17 décembre. L’inscription sur liste noire rend pratiquement impossible l’achat de titres de sociétés y figurant par des banques ou des ressortissants américains.
Le Trésor américain accuse SenseTime de pouvoir identifier grâce à sa technologie les Ouïghours, y compris ceux qui portent «la barbe, des lunettes de soleil ou un masque», afin de servir la surveillance policière au Xinjiang. Cette région du nord-ouest de la Chine, qui a longtemps été frappée par des attentats attribués à des séparatistes ou des islamistes ouïghours, fait l’objet depuis plusieurs années d’une surveillance policière draconienne. Principalement musulmans, les Ouïghours constituent le principal groupe ethnique du Xinjiang.
Des études occidentales, fondées sur des interprétations de documents officiels chinois, des témoignages de victimes présumées et des extrapolations statistiques accusent les autorités chinoises de répression contre les Ouïghours. Ces rapports reprochent à Pékin d’avoir arbitrairement interné dans des «camps» un million de personnes, d’avoir recours à des «stérilisations forcées» et à du «travail forcé». Les États-Unis accusent la Chine de «génocide».
En 2019, Washington avait déjà placé SenseTime sur la liste noire du Ministère du commerce, interdisant aux Américains de lui vendre des technologies.