Ajoie reste dans l’éliteJulien Vauclair: «Je n’ai jamais vécu une telle période»
L’entraîneur du HC Ajoie, évidemment soulagé mais également marqué après l’acte VI de lundi à La Chaux-de-Fonds, a tenu le coup ces derniers jours grâce au soutien de ses proches.
- par
- Julien Boegli La Chaux-de-Fonds
Lundi soir, quelques minutes après que son équipe eût assuré son maintien en National League (victoire 3-2 lors de l’acte VI du barrage de promotion-relégation), Julien Vauclair est revenu sur ces dernières semaines éprouvantes. Épuisé par la tension générée lors des deux séries disputées, en play-out face à Langnau puis lors du barrage de promotion-relégation contre La Chaux-de-Fonds, l’entraîneur et manager général du HC Ajoie ne cachait pas son soulagement, immense. «Depuis un mois, je ne dors pas plus de trois heures par nuit», confie-t-il.
Julien Vauclair, après être passé par tous les états d’âme, votre HC Ajoie s’en est finalement sorti.
Moralement, cette série a été très difficile. Après les deux premières manches perdues, on savait que le problème était dans la tête. Il n’était pas dans le système de jeu ni dans la forme physique, cela se passait entre les deux oreilles. On a su trouver les mots et les bonnes personnes pour redonner confiance aux gars. Même aujourd’hui en étant menés 2-1 au score, on n’a rien lâché. Cela démontre à quel point cette équipe était forte mentalement. On a donné tort à ceux qui pensaient qu’elle ne pouvait pas se battre ou ne voulait pas donner son maximum pour se maintenir.
À vous entendre, tout était donc question de mental, c’est cela?
Le niveau du hockey s’est nettement amélioré depuis six ans. Tous les joueurs sont physiquement en forme et possèdent des bases d’habileté technique supérieures à ce qu’on voyait dans le passé. Oui, la différence se fait souvent dans la tête. Le travail mental est un aspect très important du sport. Ce sont des paramètres qu’il ne faudra pas non plus négliger à l’avenir.
On se trompe si l’on vous dit que la prestation de votre équipe ce soir (lundi) a été mauvaise?
Ça a été notre moins bon match des quatre victoires obtenues, c’est un fait. Il s’agit quand même de rappeler le contexte de ce duel. On a joué à l’extérieur face à un adversaire qui avait l’obligation de gagner. C’est aussi normal qu’on se retrouve sous pression. Il fallait être patient. Après, la grosse lacune pour moi dans cette série est clairement notre power play. On aurait pu se mettre à l’abri bien plus tôt dans de nombreux autres matches de play-out ou lors de ce barrage. Avec un peu plus de réussite, la saison aurait pu être bouclée avant. Évidemment, avec des «si»…
Le coach et dirigeant que vous êtes vient-il de vivre le mois le plus éprouvant de sa carrière hockeyistique?
Jamais je n’ai vécu une telle période. Au niveau des émotions, du stress et de la charge de travail, ça a été très lourd. Je me rends compte qu’il est beaucoup plus facile de disputer un match de hockey, même une série de play-out, que devoir gérer toute une équipe.
Là, à chaud, quel sentiment vous anime?
(On le sent pris par l’émotion) J’aimerais surtout remercier ma famille. Quand j’ai accepté ce job, j’ai fait un sacrifice familial et je suis bien conscient que ce ne doit pas être évident de vivre à mes côtés dans une période comme celle-ci. J’ai sacrifié ma vie de famille pour le sport que j’aime. Je ne le regrette pas. Elle se disait peut-être que le jour où je mettrais un terme à ma carrière de joueur, il y aurait moins de sacrifices à faire. C’est finalement le contraire. C’est pour cela que je tiens à la remercier. Le fait de rentrer à la maison et de voir ses enfants qui se sont déplacés du Tessin pour passer quelques jours avec moi parce qu’ils voient que la situation est difficile et qu’ils ne veulent pas laisser leur papa tout seul à l’appartement, ça a été un précieux réconfort.