ValaisDes vignerons exaspérés par le vol de leurs vendanges
On croyait ce genre de pratique disparue, mais cette année plusieurs vignerons ont vu leurs récoltes volées dans leurs vignes. La pénurie semble expliquer ces agissements qualifiés de «minables».
- par
- Eric Felley
Cette année viticole a été difficile, en particulier à cause de la pluie et du mildiou qui a contrarié la vigne et causé d’importants dégâts. Mais, au moment de vendanger, certains ont eu la très mauvaise surprise de voir leurs ceps dépouillés de leurs précieuses grappes. Cela fait les gros titres du «Nouvelliste» de vendredi: «Vol de raisin, fléau d’une année pourrie» et «Déjà 8300 kilos de raisin volé en Valais».
«Des hommes sans honneur»
Après le vol dans les champs d’abricotiers cet été, alors que la récole a été misérable cette année à cause du gel, des voleurs s’en prennent donc au raisin. Et ce n’est pas du maraudage improvisé: «Ici des hommes sans honneur ont volé le fruit d’une année de labeur», a écrit un vigneron sur une pancarte plantée bien en vue devant son champ en dessus de Sion. La police cantonale valaisanne parle de dix dénonciations pour un total de 8300 kilos volés et envolés, de Saxon à Salquenen.
L’encaveur Mike Favre de Chamoson s’est fait voler 300 kilos sur une parcelle de syrah. Pour lui, qui encave environ 80 000 kilos par année, c’est une goutte de vin dans un verre, mais: «Le raisin subtilisé était encore vert. Pas de quoi faire un grand cru. Perdre son honorabilité pour si peu, c’est minable». Les polices de certaines communes viticoles font des rondes nocturnes. Il se peut aussi que les vols ont lieu la journée, car les gens se connaissent beaucoup moins qu’avant dans le vignoble valaisan. Cela rend peut-être les malfaiteurs plus audacieux.
Difficile de «coincer» les voleurs
Un autre vigneron, qui a perdu 2000 kilos sur une parcelle à Saxon, soit l’équivalent de 130 caissettes, estime que ces gens sont bien organisés: «A 10 personnes, pour vendanger 2000 kilos, il faut compter entre deux et trois heures de travail et être bien équipé». Cité par le quotidien valaisan, Yvan Aymon, le président de l’Interprofession de la vigne et du vin du Valais, explique ces actes par la situation de pénurie «Cela pousse visiblement certaines personnes à adopter une attitude incompréhensible, mais rien ne justifie ce type d’acte». Hélas, selon la police valaisanne, il est très difficile de «coincer» les gens sur le fait.