Nagorny-Karabakh: La reprise des combats inquiète la communauté internationale

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Nagorny-KarabakhLa reprise des combats inquiète la communauté internationale

De nombreux pays se sont émus, mardi, de la reprise des hostilités au Nagorny-Karabakh par l’Azerbaïdjan. La Russie a appelé à «cesser immédiatement l’effusion de sang».

Des policiers arméniens gardent l’entrée d’un bâtiment du gouvernement le 19 septembre 2023 à Erevan.

Des policiers arméniens gardent l’entrée d’un bâtiment du gouvernement le 19 septembre 2023 à Erevan.

AFP

Les combats initiés mardi au Nagorny-Karabakh par l’Azerbaïdjan, trois ans après une guerre qui avait débouché sur une déroute militaire de l’Arménie, ont déjà fait 29 morts et suscitent l’inquiétude de la communauté internationale.

La reprise du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan s’est invitée mardi en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, la France réclamant une réunion «d’urgence» du Conseil de sécurité pour prendre acte d’une offensive «illégale» et «injustifiable» menée par Bakou au Nagorny-Karabakh. Cette réunion pourrait avoir lieu «dans les prochains jours», ont indiqué à l’AFP deux sources diplomatiques, évoquant jeudi.

La Russie a elle appelé mercredi matin à «cesser immédiatement l’effusion de sang, à mettre un terme aux hostilités et à arrêter les pertes civiles», dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Le chef de l’ONU a appelé «dans les termes les plus forts, à un arrêt immédiat des combats, à la désescalade et au respect plus strict du cessez-le-feu de 2020 et des principes du droit international humanitaire», selon un communiqué publié mardi soir, par son porte-parole Stéphane Dujarric.

Mardi soir, la présidence azerbaïdjanaise a appelé les troupes du Nagorny Karabakh – territoire sécessionniste d’Azerbaïdjan majoritairement peuplé d’Arménien – à déposer les armes, condition sine qua non pour le début de négociations. «Les forces armées arméniennes illégales doivent hisser le drapeau blanc, rendre toutes les armes et le régime illégal doit se dissoudre. Autrement, les opérations antiterroristes continueront jusqu’au bout», a-t-elle déclaré.

La présidence a proposé, en cas de capitulation, des pourparlers «avec les représentants de la population arménienne du Karabakh à Yevlakh», une ville azerbaïdjanaise à 295 km à l’ouest de Bakou. Avant cela, les autorités de cette région avaient réclamé un cessez-le-feu immédiat et des négociations.

Au moins 29 morts

Depuis mardi, les combats ont fait au moins 29 morts. Les séparatistes ont signalé 27 morts, dont deux civils, et plus de 200 blessés, tandis qu’environ 7000 habitants de 16 localités ont été évacués.

L’Azerbaïdjan a de son côté rapporté que deux civils avaient péri dans les zones sous son contrôle. Dans la ville de Choucha, un ouvrier du bâtiment est décédé à la suite d’éclats d’obus, et un autre civil est mort dans le district d’Agdam.

Les séparatistes affirment que plusieurs villes du Nagorny Karabakh, dont sa capitale Stepanakert, sont ciblées par des «tirs intensifs», qui visent aussi des infrastructures civiles. Les affrontements ont lieu «sur toute la ligne de contact» de ce territoire et les Azerbaïdjanais ont recours à l’«artillerie», à des roquettes, à des drones d’attaque, à des avions, ont-ils dit. Soixante positions arméniennes y ont été conquises, a annoncé dans la soirée Bakou.

Quant à l’Arménie, qui a dénoncé une «agression de grande ampleur» à des fins de «nettoyage ethnique», elle a assuré ne pas avoir de troupes au Nagorny Karabakh, laissant entendre que les séparatistes étaient seuls face aux soldats azerbaïdjanais.

L’Arménie considère que c’est à la Russie, garante d’un cessez-le-feu datant de 2020 avec des forces de la paix sur le terrain, d’agir pour «stopper l’agression azerbaïdjanaise». Le conflit de 2020 avait débouché sur une déroute militaire de l’Arménie qui avait dû céder à l’Azerbaïdjan du terrain dans et autour du Nagorny Karabakh.

«Saboteurs»

Le ministère azerbaïdjanais de la Défense avait annoncé mardi matin le déclenchement d’«opérations antiterroristes» après la mort de six Azerbaïdjanais dans l’explosion de mines sur le site d’un tunnel en construction entre Choucha et Fizouli, deux villes du Nagorny-Karabakh sous contrôle de l’Azerbaïdjan. C’est un groupe de «saboteurs» séparatistes qui a posé ces engins explosifs, d’après ses services de sécurité.

«L’échec de la communauté internationale à agir est à l’origine de l’offensive azerbaïdjanaise», ont dénoncé les Arméniens du Nagorny Karabakh.

Les tensions s’aggravent depuis des mois autour de ce territoire qui a déjà été au cœur de deux guerres entre Erevan et Bakou. La première avait duré de 1988 à 1994, celle de l’automne 2020 s’était arrêtée au bout de six semaines.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a accusé les Azerbaïdjanais de vouloir «entraîner l’Arménie dans les hostilités». Nikol Pachinian, auquel l’opposition reproche d’avoir été responsable de la défaite d’il y a trois ans, a dans le même temps dénoncé des appels à un «coup d’État» dans son pays, où des heurts ont opposé des manifestants le qualifiant de «traître» et exigeant sa démission aux policiers devant le siège du gouvernement.

Mardi, la Russie s’était dite «préoccupée» par «l’escalade brutale» de la situation au Nagorny Karabakh, et annoncer s’efforcer de faire revenir Erevan et Bakou «à la table des négociations» pour «éviter les pertes humaines», par la voix du porte-parole de la présidence, Dmitri Peskov.

Quant à la Turquie, qui a qualifié de «légitimes» les préoccupations ayant amené les Azerbaïdjanais à se lancer dans une action militaire, elle a également exhorté à la «poursuite du processus de négociations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie».

Nikol Pachinian, qui n’a pas fait état de discussions avec Vladimir Poutine, a eu deux entretiens téléphoniques avec Emmanuel Macron et Antony Blinken.

(AFP)

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