FranceEmmanuel Macron a multiplié les annonces afin de «réarmer» le pays
Le président français a donné la direction de la suite de son quinquennat, lors d’une longue conférence de presse en direct ce mardi depuis l’Élysée.
Emmanuel Macron a multiplié les annonces mardi lors d’une conférence de presse aux accents volontaristes pour promettre «une France plus juste et plus forte» autour de son concept de «réarmement», en insistant sur la jeunesse avec le retour de l’uniforme à l’école et la régulation des écrans.
Une semaine après la nomination d’un nouveau gouvernement, le chef de l’État a voulu fixer son cap, «dire le sens profond» de son action, avant que Gabriel Attal ne détaille sa feuille de route le 30 janvier devant le Parlement. Dans sa déclaration de politique générale, le plus jeune premier ministre français devra vraisemblablement revenir sur certaines mesures qui fâchent ou préciser les contours des nouvelles réformes économiques et sociales seulement effleurées par le président.
Devant ses ministres quasiment au complet et de nombreux journalistes rassemblés dans la salle des fêtes de l’Élysée, Emmanuel Macron a esquissé pendant deux heures vingt, en prime time à la télévision dans cet exercice rare pour lui, sa volonté de combattre les «rentes» et briser les «tabous», après une année 2023 marquée par les adoptions chaotiques des lois sur les retraites et sur l’immigration. Une manière, dit son entourage, de «revenir aux sources» du macronisme de 2017 qui s’était parfois perdu en chemin. Il a exhorté ses troupes à «oser ce que nous n’osions même plus penser», sans «avoir peur de soulever certains mécontentements».
Jeunesse et école
«Je suis convaincu» que «nos enfants vivront mieux demain, que nous ne vivons aujourd’hui», a-t-il assuré. Le président a défendu sa nouvelle ministre de l’Éducation Amélie Oudéa-Castéra, qui a eu «raison de s’excuser» de son «propos maladroit» qui l’a placée au centre d’une vive polémique au sujet de la scolarisation de ses enfants dans le privé, récusant par ailleurs tout «conflit» entre école publique et privée.
Emmanuel Macron a également dit n’avoir «aucun regret» d’avoir défendu la «présomption d’innocence» de l’acteur Gérard Depardieu, tout en concédant un «regret» de «ne pas avoir assez dit combien la parole des femmes qui sont victimes de ces violences est importante».
Premier axe des mesures annoncées mardi: la jeunesse et l’école. Le chef de l’État entend réguler l’usage des écrans «pour nos enfants», sur la base des préconisations d’experts qu’il a réunis la semaine dernière et rendront leur rapport en mars. Précisant qu’il y aura «peut-être des interdictions» et «des restrictions» pour les jeunes usagers.
Vers une généralisation du SNU
Il veut «refonder l’instruction civique», dont le volume horaire sera doublé, avec une heure par semaine dès la cinquième, et souhaite «que le théâtre devienne un passage obligé au collège dès la rentrée prochaine». Pour que «chaque génération» apprenne «ce que la République veut dire».
Autre mesure emblématique: la «tenue unique» sera expérimentée pour les élèves dès cette année dans une centaine d’établissements, en vue d’une éventuelle généralisation en 2026. «Nous irons vers la généralisation du Service national universel en seconde», a également annoncé Emmanuel Macron, donnant rendez-vous «dans les prochaines semaines» sur ce chantier ouvert dès son premier quinquennat.
Le tout assorti d’un mea culpa sur «l’égalité des chances»: «je dois reconnaître avec netteté qu’après six ans et demi (…), nous avons amélioré des choses mais nous ne les avons pas radicalement changées». L’avenir des enfants «reste encore par trop déterminé par le nom de famille, l’endroit où l’on est né, le milieu auquel on appartient».
«Baisses d’impôts» pour les classes moyennes
Deuxième thème abordé: la sécurité. Dix opérations «place nette» seront menées chaque semaine contre le trafic de drogue, a-t-il annoncé, dans une volonté de restaurer «l’ordre».
Sur le plan économique, le président a demandé à son gouvernement des mesures permettant de «mieux gagner sa vie par le travail». Il souhaite par ailleurs que les fonctionnaires soient davantage rémunérés «au mérite». Il a confirmé sa volonté de procédé à «deux milliards de baisses d’impôts» pour les classes moyennes en 2025, une mesure évoquée depuis 2023.
Le président a également insisté sur la relance de la natalité, avec la création d’un «congé de naissance» de six mois pour remplacer le congé parental, ainsi que le lancement d’un «grand plan» pour lutter contre le «fléau» de l’infertilité. Hors campagne pour sa réélection, Emmanuel Macron ne s’est prêté qu’une fois à cet exercice d’une longue conférence de presse tous azimuts, le 25 avril 2019, lui préférant le plus souvent l’échange direct avec les Français.