NeuchâtelIncivilités dénoncées au Creux-du-Van
Le Club jurassien qui prend soin d’une réserve naturelle dénonce «un grand n’importe quoi» dans un courrier adressé au conseiller d’État Laurent Favre.
- par
- Vincent Donzé
Dans un courrier relayé par le média «ArcInfo», le Club jurassien dénonce «un grand n’importe quoi» dans la réserve du Creux-du-Van, un site du Val-de-Travers acquis en 1882 par cette association pour… 1200 francs. Les incivilités communiquées au conseiller d’État Laurent Favre sont aussi nombreuses que variées. Elles ont été documentées par des photos prises ces dernières années.
«Le 16 août 1898, le Conseil d’État, à la demande de la société des chasseurs de Neuchâtel, rendait un arrêté qui créait, au Creux-du-Van, une zone franche destinée à la conservation et à la protection de la nature. La première réserve naturelle de Suisse était née», est-il précisé dans ce courrier.
Plaque en laiton
Chargé de l’entretien du site, Pierre Morel a retrouvé des déchets ou des objets jetés depuis le haut de la falaise, y compris une lourde plaque en laiton interdisant… de jeter des pierres. «Je me rends très fréquemment au pied de la falaise et à la Roche-aux-Noms. Or, de plus en plus souvent il faut ramasser de nombreux déchets jetés sans scrupule depuis le haut du cirque par des touristes totalement irrespectueux de ces lieux». écrit-il.
«Ce sont de nombreux sacs-poubelles, des boîtes, emballages divers, qui sont débarrassés de cette façon», poursuit Pierre Morel. Le problème principal dans ce district franc fédéral, ce sont les bris de bouteilles, dangereux pour les animaux.
Chiens sans laisse
Des cyclistes font du tout-terrain, des feux sont allumés, des tentes sont dressées, des chiens sont sans laisse. des drones survolent la falaise et des hélicoptères effectuent des baptêmes de l’air: pour Laurent Bernaschina, président du Club jurassien et cosignataire du courrier adressé au chef du Département du développement territorial et de l’environnement, c’est «du grand n’importe quoi». Une rencontre est d’ores et déjà prévue 1er trimestre 2023 pour faire l’état des lieux.
«Nous sommes las des incivilités, abus et comportements proprement imbéciles des gens utilisant ce lieu de nature censé être protégé et qui laissent nombre de traces après leurs passages», écrivent Laurent Bernaschina et Pierre Morel.
Recours au TF
L’État a engagé un «ranger» pour faire de la prévention, mais le Club jurassien juge sa présence insuffisante. Les possibilités de sanctions ont été renforcées au niveau des agents nature, mais davantage d’amendes sont réclamées, avec pour exemple l’intransigeance appliquée aux Grisons, dans le Parc national suisse. Problème à Neuchâtel: le plan d’affectation cantonal nécessaire pour mieux cadrer les activités fait l’objet d’un recours au Tribunal fédéral.
«Il est encore temps d’agir afin de définir un plan de protection plus strict et de faire appliquer des restrictions durables. Mais ne tardons plus, cela n’a que trop duré!» conclut le Club jurassien.