Hockey sur glace: Le public fribourgeois uni derrière un Andrey Bykov ému

Le nom d’Andrey Bykov se trouvait forcément au cœur de la majorité des discussions jeudi soir à la BCF Arena. Pour cause, «La Liberté» avait annoncé mercredi que le contrat de l’attaquant de 35, arrivant à échéance à la fin de la saison 2023-2024, ne serait pas renouvelé. L’information a été confirmée, jeudi à 19 h 15, par Gerd Zenhäusern, le futur directeur sportif du club, lors de la conférence de presse précédant le duel entre les Dragons et Lugano (3-0).

En cette période de fêtes, cette annonce de départ n’avait rien d’un joli cadeau de Noël. D’abord pour la quasi-totalité des spectateurs: «Je porte spécialement le maillot de Bykov ce soir afin de lui faire honneur, nous glisse Marie-Christine. C’est un véritable clubiste et il aurait mérité de rester encore un peu plus longtemps.»

«Je suis déçu du choix du club car c’est une figure incontournable de Gottéron», estime Jennifer. «Il réalise un gros travail sur la glace et je trouve cette décision incompréhensible», ajoute Yannick, son copain et également cousin de Sandy Jeannin. Quentin fait quant à lui partie de la minorité qui se range du côté de l’organisation. «C’est très dur pour tout le monde, mais c’est une suite logique.»

Le kop fribourgeois s’est fait entendre une première fois lors de l’annonce de la composition en scandant le nom de l’un de ses chouchous plus fort que celui des autres joueurs. Une banderole a ensuite fait son apparition quand les Dragons entraient sur la glace. Le message était court, mais équivoque: «Bykov à Fribourg pour toujours».

Si la pilule s’avère compliquée à avaler pour le public, elle l’est d’autant plus pour Andrey Bykov. «C’était l’un des matches les plus compliqués que j’ai eu à jouer dans ma carrière, a-t-il admis. J’ai vécu un mercredi soir très difficile. Idem pour la journée de jeudi, mais j’essaye d’affronter cette situation en tant que sportif professionnel.»

Et l’homme aux près de 800 matches sous le maillot de Fribourg n’a rien laissé transparaître sur la glace. Il est arrivé le couteau entre les dents et a été l’un des premiers à mettre à contribution Mikko Koskinen, le portier bianconero. Son tir en direction de la lucarne (8e) avait largement le poids du 1-0.

Comme si le scénario de cette partie était écrit à l’avance, Andrey Bykov (44e, 2-0) a finalement fait trembler les filets. Devant le kop. Cette réussite, en plus d’être capitale dans le déroulement de la rencontre, a immédiatement déclenché le chant «Bykov à Fribourg» dans la patinoire.

«C’est un moment suspendu dans l’air, a-t-il tenté de se remémorer. On ne sait pas trop ce qui se passe. On ne sait pas trop ce qui nous arrive. Sur le coup, tu ne penses à rien. J’étais très content, surtout quand j’ai vu que Jacob De la Rose, qui m’a fait la passe décisive, l’était aussi.»

Le sourire sur le visage du Suédois, tout comme l’attitude des joueurs de Gottéron à l’issue de la partie, démontre à quel point le vestiaire est soudé. «J’ai la chance d’être soutenu par mes proches et par mes coéquipiers. Ils sont derrière moi à 100%.»

Et bien sûr par un public qui l’a célébré comme il se doit, après la sirène finale, avec des chants à son honneur et une nouvelle banderole. «Ça vaut tout l’or du monde, a-t-il déclaré avec une voix teintée d’émotions. Ça représente tout pour moi, ça dépasse tout ce que j'aurais pu imaginer dans ma carrière. J’ai reçu tellement de messages de soutien et d’incompréhension, c’est magnifique.»

Cette dose d’amour bienvenue permet d’atténuer un tant soit peu la douleur. «J’ai également reçu des messages du club me disant que je n’avais pas le droit de m’exprimer sur cette situation. J’aimerais bien le faire, mais je ne peux pas.»

Andrey Bykov a également coupé court lorsqu’il a été interrogé sur son futur. Probablement car la cicatrice est encore trop fraîche. Il faudra maintenant digérer la nouvelle, profiter des derniers instants sous le maillot de Fribourg-Gottéron et tenter de conclure cette histoire de la plus belle des manières.