La consanguinité menace la survie du lynx en France

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Le lynx boréal, de retour en France depuis les années 1970 mais dont la situation reste encore fragile, pourrait disparaître à nouveau d’ici à 30 ans.

Un lynx boréal dans la forêt du massif des Vosges, en France.

Un lynx boréal dans la forêt du massif des Vosges, en France.

AFP

L’étude d’une association publiée lundi alerte sur la survie du lynx boréal en France, en raison notamment de problèmes de consanguinité. Disparu au début du XXe siècle, le plus grand félin sauvage d’Europe est revenu en France dans les années 1970 par la Suisse, où il avait été réintroduit il y a une quarantaine d’années à partir de lynx originaires des Carpates. Sa population est désormais estimée à environ 150 individus, principalement dans les Alpes et le Jura, et la France a publié au printemps 2022 son premier plan national de protection de l’espèce.

Mais «compte tenu de la perte rapide de diversité génétique, nous estimons que cette population va disparaître dans moins de 30 ans», alerte l’un des auteurs de l’étude parue dans la revue «Frontiers in conservation science», Nathan Huvier, du Centre Athenas, une association de protection de la faune sauvage. «Cette population a un besoin urgent de nouveau matériel génétique si on veut qu’elle perdure», souligne-t-il.

Pour mener leur étude, les scientifiques ont collecté entre 2008 et 2020 des échantillons génétiques (poils, sang…) sur des lynx en France, principalement sur des individus morts ou blessés et des bébés orphelins pour ne pas stresser les animaux. Ils ont ensuite comparé 78 échantillons à ceux prélevés sur leurs cousins d’origine dans les montagnes des Carpates. Leurs résultats sont alarmants: sur les 120 à 150 lynx en France, seuls 38 sont à même de se reproduire avec une diversité génétique suffisante pour assurer la survie de l’espèce, un nombre qu’ils jugent potentiellement surestimé.

Problème de la consanguinité

Par ailleurs, relèvent les scientifiques, le coefficient de consanguinité chez ces lynx est extrêmement élevé: il y a 41% de chances chez ces individus que les deux variations de chaque gène (les allèles) soient des copies identiques héritées d’un unique ancêtre. «Un nouveau matériel génétique (via des individus extérieurs) est nécessaire de toute urgence, sinon la population s’effondrera», avertissent les auteurs, tout en reconnaissant que l’introduction de nouveaux lynx est politiquement difficile en France.

Parmi les autres menaces qui pèsent sur le lynx, et qui ont également contribué à sa précédente disparition puis à limiter l’étendue de son retour en France, on trouve aussi le braconnage, la perte d’habitats naturels et les collisions avec des voitures (21 décès en 2022).

(AFP)

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