Chute du Credit Suisse, la Confédération pourrait intervenir

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DégringoladeChute de Credit Suisse, la Confédération pourrait intervenir

Le cours de l’action de la banque ce mercredi inquiète au Parlement. Intervenir ou pas? Le souvenir du sauvetage d’UBS est encore dans toutes les mémoires.

Eric Felley
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Eric Felley
Pour Samuel Bendahan (à droite), des fonds publics pourraient sauver la banque. Olivier Feller voit plutôt une reprise par une autre banque.

Pour Samuel Bendahan (à droite), des fonds publics pourraient sauver la banque. Olivier Feller voit plutôt une reprise par une autre banque.

Montage/DR

La chute de l’action du Credit Suisse ce mercredi n’est pas passée inaperçue au Palais fédéral où le souvenir du sauvetage d’UBS en 2008 est encore bien présent dans les esprits. Vers 14h30, le cours de l’action avait perdu 30% à 1,56 franc, avant de remonter durant l’après-midi à 1,70 franc. Pour l’économiste Samuel Bendahan, membre de la Commission de l’économie et des redevances (CER) du Conseil national, «la Confédération doit avoir un plan de contingence afin d’évaluer les risques possibles: de la non-intervention à l’intervention. Le plus important est d’être prêt à agir. Pour l’instant ce n’est pas clair. Aujourd’hui, les investisseurs perdent confiance, c’est une chose, mais est-ce que les gros clients dans le private banking perdent aussi confiance?»

Une garantie pour rétablir la confiance

Le socialiste vaudois estime que la situation actuelle est risquée: «Si l’infrastructure financière suisse est affaiblie, c’est dangereux. La Confédération doit intervenir pour recapitaliser la banque. Ce peut être avec un fonds souverain, la BNS, voire un partenariat public-privé. Dans une période comme celle-ci, il faut éviter que des spéculateurs nuisent à l’avenir de la banque. Une garantie étatique serait importante pour rétablir la confiance. Mais cela doit se faire avec une logique à long terme, et non pas dans une logique où l’on socialise les pertes et l’on privatise les bénéfices. Personnellement, je pense qu’il ne faut pas laisser couler cette banque».

Un problème de valorisation

Olivier Feller (PLR/VD), également membre de la CER, n’est pas du même avis: «Non, la Confédération n’a pas pour mission de sauver une banque privée, qui a bénéficié durant des décennies des conditions favorables pour ses activités bancaires en Suisse. Ici, nous avons un problème avec le cours de l’action, un problème de valorisation de l’entreprise. La situation n’est pas comparable à celle d’UBS en 2008, où la banque avait un problème de fonds propres et n’arrivait plus à payer ses créanciers. Ici c’est la confiance des investisseurs qui s’est affaiblie.»

«En 2008, le problème d’UBS était lié à des créances pourries, et de nombreuses banques dans le monde étaient concernées par les mauvais choix stratégiques faits en la matière. En l’espèce, la chute de confiance des investisseurs en CS est liée aux décisions stratégiques du management de cette banque en particulier.», développe Olivier Feller.

Reprise par une autre banque

Alors, quel avenir pour Credit Suisse? «Si j’ai bien entendu, poursuit Olivier Feller, la banque vaut encore 9 milliards de dollars et dispose d’un savoir-faire certain. Dans ces conditions, je verrais plutôt une reprise, soit par UBS, par la Deutsche Bank ou JP Morgan. Dans ce cas de figure, l’important serait de conserver le service à la clientèle en Suisse ainsi que les emplois. La compagnie Swiss a été reprise par les Allemands et elle fonctionne bien. Ce n’est pas le rôle des politiques de dire quelle banque devrait la reprendre. Si cela devait être le cas, je souhaiterais toutefois une banque suisse ou au moins européenne».

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas le Parlement qui sera saisi de cet objet pour le moment. C’est au Conseil fédéral, qui se réunit demain, en concertation avec la Banque nationale suisse, d’évaluer la situation et de réagir si besoin.

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