Biden accuse Poutine de «génocide», Macron tempère

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Guerre en UkraineBiden accuse Poutine de «génocide», Macron tempère

Le président américain a franchi une étape mardi dans son discours sur l’invasion russe. Son homologue français met quant à lui en doute l’utilité d’une «escalade des mots».

Emmanuel Macron n’a pas repris le terme utilisé par Joe Biden.

Emmanuel Macron n’a pas repris le terme utilisé par Joe Biden.

AFP

Le président américain Joe Biden a pour la première fois accusé dans la nuit de mardi à mercredi son homologue russe Vladimir Poutine de mener un «génocide» en Ukraine, mot jusque-là employé par le chef d’État ukrainien Volodymyr Zelensky mais jamais par l’administration américaine.

«Oui, j’ai appelé ça un génocide», a dit Joe Biden à des journalistes lors d’un déplacement dans l’Iowa, quelques heures après avoir évoqué ce terme lors d’un discours consacré à la lutte contre l’inflation. «Il est de plus en plus clair que Poutine essaie simplement d’effacer l’idée même de pouvoir être un Ukrainien», a développé le président américain. Si «les avocats, au niveau international», trancheront sur la qualification de génocide, «pour moi, cela y ressemble bien», a-t-il assuré.

Affirmant que les «preuves s’accumulaient» concernant les «choses horribles qu’ont faites les Russes en Ukraine», le démocrate a prédit que le monde «en découvrirait encore davantage sur la dévastation». Le président ukrainien a salué sur Twitter les «vrais mots d’un vrai leader», car «appeler les choses par leur nom est essentiel pour s’opposer au mal», tout en réclamant «en toute urgence plus d’armes lourdes».

Accusé de génocide, Vladimir Poutine a vu le même jour un de ses proches, le député et hommes d’affaires Viktor Medvedtchouk, arrêté par les autorités ukrainiennes, qui ont même diffusé une photo de lui menotté. Ce riche Ukrainien de 67 ans est connu pour ses liens avec M. Poutine qui est, selon l’intéressé, le parrain de l’une de ses filles. Il avait pris la fuite fin février alors qu’il était assigné à résidence depuis mai 2021 après avoir été inculpé de «haute trahison» et de «tentative de pillage de ressources naturelles en Crimée», la péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a refusé de commenter son arrestation aux agences de presse russes, affirmant qu’«il y a beaucoup de «fake» venant d’Ukraine» et disant que «cela doit d’abord être vérifié». En soirée, M. Zelensky a proposé à Moscou d’«échanger» M. Medvedtchouk contre les Ukrainiens en captivité en Russie, alors que les pourparlers entre Kiev et la Russie sont au point mort. M. Poutine avait d’ailleurs estimé plus tôt mardi que le «manque de cohérence» des négociateurs ukrainiens empêchait tout accord.

«Escalade des mots»

Le président français Emmanuel Macron n’a pour sa part pas repris mercredi le terme «génocide» utilisé par son homologue américain, mettant en doute l’utilité d’une «escalade des mots» pour mettre fin à la guerre. Interrogé sur France 2 sur les déclarations de Joe Biden mardi, le président candidat a répondu vouloir être «prudent avec les termes».

«Je dirais que la Russie a déclenché d’une manière unilatérale une guerre brutale, qu’il est maintenant établi que des crimes de guerre ont été faits par l’armée russe et qu’il faut maintenant en trouver les responsables», a-t-il expliqué. «C’est une folie ce qui est en train de se passer, c’est d’une brutalité inouïe (…) mais je regarde en même temps les faits et je veux essayer au maximum de continuer à pouvoir arrêter cette guerre et à rebâtir la paix, donc je ne suis pas sûr que l’escalade des mots serve la cause», a-t-il ajouté.

(AFP)

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