Région contestéeL’Inde accuse la Chine d’«inventer» des noms de lieux
L’Inde a reproché à son voisin d’avoir donné des noms «inventés» à plusieurs lieux situés à la frontière himalayenne litigieuse entre les deux pays, tandis que Pékin cherche à affirmer sa souveraineté sur ce territoire.
Plusieurs zones de la longue frontière himalayenne entre l’Inde et la Chine sont contestées et les relations se sont fortement dégradées après la mort d’au moins 20 soldats indiens et quatre côté chinois lors d’affrontements en juin 2020 sur une de ses portions entre le Ladakh et le Tibet.
Depuis cet incident – le plus grave entre ces deux puissances nucléaires depuis la guerre éclair de 1962 qui avait vu la Chine l’emporter sur l’Inde –, les deux parties ont renforcé leur présence dans la région et déployé des milliers de soldats en renfort. De multiples pourparlers n’ont pas réussi à apaiser les tensions.
Cette semaine, le ministère chinois des Affaires civiles a déclaré avoir «normalisé» les noms de quinze lieux situés dans le Zangnan («Sud du Tibet») – nom donné par Pékin à la région appelé par Delhi Arunachal Pradesh – et leur avoir donné des noms chinois officiels. Ce changement de noms, qui concerne des zones habitées, des rivières et des montagnes, fait suite à une démarche similaire en 2017 pour six autres lieux de la même région.
«Attribuer des noms inventés à des lieux de l’Arunachal Pradesh ne change rien à ce fait», a déclaré le porte-parole Arindam Bagchi, dans un communiqué.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a déclaré que «le sud du Tibet se trouve dans la région autonome chinoise du Tibet et a toujours été un territoire chinois», ajoutant que le changement de noms relève «de la souveraineté de la Chine». La Chine est intervenue militairement au Tibet en 1951, après quatre décennies d’indépendance de facto du «Toit du monde» consécutive à la chute de l’Empire chinois.
L’Inde considère quant à elle que la nouvelle loi chinoise sur les frontières terrestres, approuvée en octobre, et qui doit entrer en vigueur le 1er janvier, est un durcissement de la position de Pékin. Ce texte qualifie la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine de «sacrées et inviolables» et permet à Pékin de «prendre des mesures pour sauvegarder l’intégrité territoriale et les frontières terrestres et de prévenir et combattre tout acte portant atteinte à la souveraineté territoriale et aux frontières terrestres».