SoudanLes paramilitaires disent contrôler le palais présidentiel de Khartoum
Les paramilitaires assurent contrôler l’aéroport de Khartoum et le palais présidentiel soudanais. Selon l’armée, il s’agit toutefois de «mensonges».
La rivalité entre les deux généraux à l’origine du putsch au Soudan en octobre 2021, lors duquel ils avaient fait front commun pour évincer les civils du pouvoir, a explosé samedi à Khartoum. La capitale soudanaise s’est réveillée au son des explosions et des combats. Le groupe paramilitaire FSR ((Forces de soutien rapide, ndlr› du général Mohamed Hamdane Daglo assure samedi contrôler le palais présidentiel du chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhane, qui dirige de facto le Soudan depuis un putsch en octobre 2021.
Dans son troisième «communiqué au peuple» depuis le matin, le groupe paramilitaire affirme tenir le palais présidentiel, l’aéroport de Khartoum, ainsi que plusieurs autres «bases dans différentes provinces». En face, l'armée assure que ces informations sont «des mensonges».
Incertitudes
Le bras de fer politique a gagné la rue samedi: dans plusieurs quartiers de Khartoum, des tirs et des explosions quasi ininterrompus ont fait trembler les habitants d’un pays longtemps déchiré par la guerre et mis au ban des nations durant de longues années. Les FSR ont appelé les habitants à «se rallier à elles pour protéger la patrie et les acquis de la révolution», la révolte populaire qui renversa le dictateur Omar el-Béchir en 2019.
Dans Khartoum où plus personne n’ose circuler, des témoins font état d’un déploiement de combats près de la résidence du général Burhane, sans qu’aucune source indépendante puisse physiquement s’y rendre pour en témoigner. Les deux parties, elles, se renvoient la responsabilité du départ de feu. Les FSR, qui regroupent les anciens miliciens de la guerre du Darfour, se sont dites «surprises au matin par l’arrivée d’un important contingent de l’armée qui a assiégé leur camp de Soba.» L’armée, ont-elles encore accusé dans un communiqué, les a «attaquées avec toutes sortes d’armes lourdes et légères».
«Tournant dangereux et historique»
L’armée, elle, rétorque que ce sont les FSR qui ont commencé: «l’armée accomplit son devoir pour protéger la patrie», assure ainsi à l’AFP le porte-parole de l’armée, le général Nabil Abdallah. Selon lui, les combats à Khartoum ont en réalité éclaté quand les FSR ont attaqué des bases de l’armée «à Khartoum et ailleurs au Soudan».
En réaction, les militaires se sont déployés dans toute la capitale. Jeudi, l’armée dénonçait déjà un déploiement «dangereux» des paramilitaires à Khartoum et dans d’autres villes du Soudan «sans l’approbation ni la moindre coordination avec le commandement des forces armées». Elle tirait alors «la sonnette d’alarme» face à «un tournant dangereux et historique».
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