Un gène pourrait prévenir la maladie de Parkinson

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MédecineUn gène pourrait prévenir la maladie de Parkinson

Une équipe de l’Université de Genève a découvert une protéine qui, chez la mouche du vinaigre, protège contre la dégénérescence des neurones. À vérifier chez l’homme.

Michel Pralong/comm
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La destruction des neurones à dopamine dans le cerveau empêche une transmission correcte des signaux contrôlant les mouvements musculaires.

La destruction des neurones à dopamine dans le cerveau empêche une transmission correcte des signaux contrôlant les mouvements musculaires.

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La maladie de Parkinson se caractérise par la destruction des neurones à dopamine. Cela empêche la transmission des signaux contrôlant les mouvements musculaires spécifiques et cela provoque des tremblements, des contractions involontaires des muscles ou des problèmes d’équilibre. En s’intéressant à ce mécanisme de destruction des neurones, une équipe de l’Université de Genève (UNIGE) a fait une découverte qui pourrait constituer une nouvelle cible thérapeutique contre cette maladie.

Il existe diverses formes de Parkinson, mais il existe un élément commun au déclenchement de cette maladie: un dysfonctionnement des mitochondries dans les cellules à dopamine. Ces mitochondries sont celles qui produisent de l’énergie au sein des neurones mais ce sont elles également qui activent des mécanismes d’autodestruction des cellules lorsque celles-ci sont endommagées. Pour mieux comprendre cette dégénérescence des neurones à dopamine, le laboratoire d’Emi Nagoshi, professeure au Département de génétique et évolution de la Faculté des sciences de l’UNIGE, utilise la mouche du vinaigre, ou drosophile.

Dans une étude précédente, cette équipe avait démontré qu’une mutation du gène Fer2 provoque des déficiences de type Parkinson chez la mouche, avec notamment un retard dans l’initiation du mouvement. Elle avait par ailleurs observé des défauts dans la forme des mitochondries des neurones à dopamine, similaires à ceux observés chez des patients de Parkinson.

Augmenter Fer2 dans les cellules

L’absence de Fer2 provoquant la maladie de Parkinson, les chercheurs ont voulu savoir si, au contraire, une augmentation de la quantité de Fer2 dans les cellules pouvait avoir un effet protecteur. Pour cela, ils ont mis les mouches en présence de radicaux libres, ce qui fait subir à leurs cellules un stress oxydant qui conduit à la dégradation des neurones à dopamine. Mais lorsque les mouches surproduisent Fer2, le stress oxydant n’a plus aucun effet délétère. Ce qui confirme l’hypothèse du rôle protecteur de ce gène.

«Nous avons par ailleurs identifié les gènes régulés par Fer2 et ceux-ci sont surtout impliqués dans le fonctionnement des mitochondries. Cette protéine clé semble donc jouer un rôle crucial contre la dégénérescence des neurones à dopamine des mouches en contrôlant non seulement la structure des mitochondries mais aussi leurs fonctions», explique Federico Miozzo, chercheur au Département de génétique et évolution et premier auteur de l’étude parue ce 17 mars dans «Nature».

Test chez les souris avant l’homme

Là, on parle de mouches. Pour savoir si Fer2 joue le même rôle chez les mammifères, les biologistes ont créé des mutants de l’homologue de Fer2 dans les neurones à dopamine de souris. Comme chez la mouche, cela a provoqué des anomalies au niveau des mitochondries de ces neurones ainsi que des défauts dans la locomotion chez les souris âgées. «Nous sommes en train de tester le rôle protecteur de l’homologue de Fer2 chez la souris et des résultats similaires à ceux observés chez la mouche permettraient d’envisager une nouvelle cible thérapeutique chez les patients de la maladie de Parkinson», conclut Emi Nagoshi.

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