Suisse-BruxellesIgnazio Cassis promet une stratégie sur l’UE le semestre prochain
Les sénateurs ont accepté une motion de l’indépendant Thomas Minder qui demandait un plan à moyen et à long terme pour établir une coopération durable entre la Suisse et Bruxelles.
- par
- Christine Talos
Les relations tendues entre la Suisse et l’Union européenne se sont invitées au Conseil des États mercredi. En effet, les sénateurs ont accepté par 42 voix contre 1 une motion de l’indépendant schaffhousois Thomas Minder. Il demandait que «le Conseil fédéral élabore une stratégie à moyen et à long terme pour établir une coopération durable entre la Suisse et l’Union européenne». Le gouvernement soutenait le texte.
Après la rupture des négociations sur l’accord-cadre institutionnel fin mai dernier, il n’existe actuellement pas de stratégie claire pour le moyen et le long terme qui définit la manière dont la Suisse et le Conseil fédéral entendent poursuivre leur politique européenne et comment rétablir un dialogue constructif avec l’UE, soulignait le motionnaire. De nombreuses questions restent ouvertes, selon lui. «Elles requièrent un nouveau débat de fond et une nouvelle stratégie européenne», a-t-il estimé. Or la stratégie de politique extérieure 2020-2023 ne consacre que quelques pages à la relation Suisse-UE. Il est donc temps d’élaborer une nouvelle stratégie, exige-t-il.
Seul parmi les sénateurs, le socialiste genevois Carlo Sommaruga s’y est opposé, jugeant la motion inutile puisque le Conseil fédéral travaille déjà sur le sujet. Il proposait de renvoyer le texte puisque le chef des Affaires étrangères Ignazio Cassis avait déjà fait savoir, selon lui, que rien ne bougerait avant la nouvelle législature et le nouveau Conseil fédéral en 2023. «Il n’y aura pas d’avancée politique ou de publication de stratégie avant 2024», a-t-il insisté.
Rapport prévu le semestre prochain
Ignazio Cassis a rappelé que le Conseil fédéral élaborait actuellement un rapport sur les relations de la Suisse avec l’UE. «Il est également prêt à exposer sa stratégie dans ce rapport», a-t-il affirmé aux sénateurs. Et il a corrigé Carlo Sommaruga. «Ce rapport est prévu pour le premier semestre de l’année prochaine et non pas en 2024.» Il a toutefois mis en garde: «il est important que les attentes concernant cette évaluation restent réalistes. Le Conseil fédéral a confirmé l’intérêt de la Suisse à poursuivre la voie bilatérale avec l’UE, même après la fin de l’accord institutionnel, et a adopté dans ce but une série de mesures visant à garantir et à développer la coopération bilatérale», a-t-il rappelé.
Ignazio a fait aussi l’autocritique du gouvernement. «Le Conseil fédéral a certainement eu du mal à montrer clairement la voie qu’il voulait suivre. C’est ainsi, dans un organe collégial où toutes les sensibilités sont représentées», a-t-il expliqué. Mais il a lancé une pique aux autres acteurs du dossier. «Je ne peux pas dire qu’il était plus clair de comprendre ce que voulaient le Parlement, les partis, l’économie et la Suisse».
Ignazio Cassis a demandé simplement «de prendre acte du fait que «cette question profonde de la relation avec l’UE ne peut pas être simplement décidée par un petit groupe de personnes, mais qu’il s’agit d’une question psychologique très profonde pour le pays tout entier». Il a conclu: «Il est clair que nous avons besoin de relations stables avec l’UE. Mais je ne pense pas que nous soyons d’accord en Suisse sur le niveau d’ambition et sur la volonté d’en payer le prix. Cela montre aussi à quel point le sujet est difficile.»