Ski alpinCyprien Sarrazin, c’est lui le King de Kitzbühel
Le Français, actuellement sur un nuage, s’offre le doublé sur la Streif, privant Marco Odermatt d’un succès qu’il rêvait sur la Mecque du cirque blanc.
- par
- Christian Maillard
À l’arrivée, comme il l’avait imaginé dans son rêve, il se lance sur les matelas de protection, écarte les bras et jubile devant 45 000 spectateurs à ses pieds, en admiration devant ce nouveau phénomène de la vitesse, qui a déboulé à plus de 143 km/h. Comme l’avait titré notre confrère de l’Equipe ce samedi, c’est lui, le nouveau King de Kitzbühel. Comme l’a été avant lui Didier Cuche, Beat Feuz ou son compatriote Luc Alphand.
Vainqueur déjà vendredi sur cette Streif devant l’Italien Florian Schieder et Marco Odermatt, Cyprien Sarrazin a doublé la mise sur cette piste mythique, celle qu’on appelle la Mecque du cirque blanc, en précédant une nouvelle fois, comme à Bormio à fin décembre ou en super-G au Lauberhorn, le géant de Nidwald, lequel avait pourtant réussi une belle performance juste avant que ne déboule en boulet de canon son rival français.
C’est un Marco Odermatt déçu qui s’est d’ailleurs exprimé au micro de la RTS. «Je ne peux pas être heureux car j’ai pris les risques pour gagner ici, c’était mon gros objectif. Je pensais toutefois que cela suffirait pour m’imposer, malgré des erreurs en haut, mais Sarrazin a été encore meilleur. Actuellement Cyprien est vraiment sur une autre planète.» Comme lui en géant…
Le Français a fait en effet encore plus fort, découpant ce prestigieux tracé comme le roi qu’il est désormais. «Je ne réalise pas encore, je n’ai plus de mot et je ne sais plus trop quoi penser, s’est exclamé Cyprien Sarrazin à la RTS. C’est vraiment une dinguerie et je pense que ce dimanche matin on va me ramasser à la petite cuiller. Je me fais tellement plaisir sur mes skis…» Il compte désormais six points d’avance au classement de la discipline sur le leader de la Coupe du monde.
Avec 91 centièmes d’avance sur l’Helvète, le funambule de Gap a une fois de plus plané sur son nuage, au-dessus du lot, de tous les autres. Comme dans l’Oberland bernois, c’est Dominik Paris, trois fois vainqueur sur cette Streif, qui complète le podium, à 1’’44 de celui que son entraîneur a surnommé le poète.
Comme le décrivait la veille son coéquipier, Maxence Muzaton, par rapport à son nouveau chef de file, c’est un Cyprien Sarrazin en confiance, stratosphérique, qui s’éclate: «Le satellite Cyprien est bien lancé et là, il est toujours sur orbite au-dessus de la terre. Il va à Mach 15, il enchaîne sans se poser de questions…» Et il vole! Il s’agit de sa quatrième victoire en Coupe du monde. Et ce n’est qu’un début.
Alexis Monney 8e
Côté Suisse, magnifique performance du Fribourgeois Alexis Monney qui a été brillant sur tout le long du parcours pour signer une superbe huitième place. Pour lui, à 24 ans, l’avenir est en marche. Comme pour Arnaud Boisset (22 ans) d’ailleurs confirmant son neuvième rang de la veille – où il avait affolé le chrono de Cyprien Sarrazin jusqu’au dernier temps intermédiaire – avec cette fois-ci une belle 20e place.
Alors que l’autre jeune espoir Franjo Von Allmen (lui aussi 22 ans) volait lui aussi vers un gros résultat, il a malheureusement manqué une porte dans le final. Tandis que Stefan Rogentin est 9e, Justin Murisier était bien parti pour se battre pour le podium mais s’il était très rapide sur le haut des erreurs à mi-parcours l’ont finalement relégué au 22e rang. Mais il sait le Bagnard qu’il n’est plus très loin, qu’il aura encore l’occasion de s’en approcher la semaine prochaine à Garmisch ou début février à Chamonix où il y aura encore deux descentes au programme.
En attendant, les slalomeurs prendront le relais ce dimanche avec, là aussi, une belle et grosse bagarre en perspective.