FootballL’Angleterre a sécurisé ses stades. Mais à quel prix?
Ambiance de musée, téléphones portables… Dans les enceintes des cadors de la Premier League, comme à l’Etihad Stadium mardi soir, le football anglais a laissé une partie de son âme en route.
- par
- Robin Carrel Manchester
Ce serait sévère de dire qu’il n’y avait pas la moindre ambiance, mardi soir, dans l’antre de Manchester City. Parce que les Bernois ont chanté tout le match et fait le show. Les Anglais – enfin, les quelques Britanniques au milieu de la nuée de touristes – ont éructé des insultes comme d’habitude lors de l’hymne de la compétition, pour protester contre l’UEFA, et ont émis quelques sons quand les Citizens ont réalisé de la magie avec leurs pieds, comme ils ont l’habitude de le faire. Mais sinon…
C’est récurrent dans les stades des grosses écuries anglaises et j’ai l’impression que c’est de plus en plus triste au fil des années. Il faut vraiment un stade mythique et une grosse ambiance européenne, celle des matches à élimination du printemps, pour qu’il se passe quelque chose, dorénavant. Les Liverpool - Real Madrid ou Manchester United - Barcelone du début de l’année en sont de bons exemples. Je n’ose même pas imaginer la prochaine formule de la C1 que personne n’a encore vraiment comprise, tiens.
Samedi dernier, pour le «choc» entre Burnley et Crystal Palace, ça faisait clairement plus de bruit dans le stade qu’en Champions League chez les tenants du titre, dans la foulée. Des matches un mardi soir à Birmingham City, Wrexham ou West Bromwich Albion font plus lever les poils que la C1 en poule à l’Etihad, même avec des Suisses en face. Ça dit aussi pas mal de ce que deviennent les clubs les plus puissants d’outre-Manche, plus intéressés par leur image en Chine ou aux États-Unis et la vente des droits TV que par ce que le football, le vrai, devrait être.
Le jeu de ballon en Grande-Bretagne, après tous les problèmes de hooliganismes qu’il a connus dans le passé, a purgé ses tribunes. À l’extrême. Il est souvent pris en exemple à l’étranger, mais ce sont en général par des gens (ou de spolitiques…) qui n’aiment pas le football ou ne le connaissent que devant leur télévision ou via leur smartphone. Parce que ce sport, celui qui nous fait vibrer, ce n’est pas ça. Ce n’est pas comme ça. D’autres pays ont su garder une vraie ferveur, sans qu’il n’y ait des affrontements récurrents autour des diverses enceintes. Bon, pas la Suisse, c’est clair, mais il y a d’autres voies, certains l’ont pavée.
Et puis il y a quand même un souci qui m’énerve tellement, que je suis obligé de le coucher sur deux paragraphes avant de prendre l’avion blanc et orange du retour… Ce sont ces gens qui passent plus de temps à filmer le match et à prendre des photos, plutôt que d’admirer le spectacle et de se faire des souvenirs dans la tête pour des dizaines d’années (le cerveau sait très bien que vous filmez et ne prend donc pas la peine de stocker ce qu’il se passe).
Sérieux, que vous preniez deux photos pour vous la péter sur les réseaux sociaux et montrer à vos amis que vous y étiez et pas eux, passe encore. Mais pour les 43 autres vidéos et les 345 photos qui allaient avec, vous allez en faire quoi? Les re-regarder de retour chez vous? En faire un mug? Les remontrer à vos potes qui ont déjà salivé devant votre compte Instagram? Eh bien non, effectivement, ça ne sert à rien. Alors arrêtez!
Pardon, Je m’emballe à chaque fois que je pense à ça…