James Bond en Jamaïque 1/3S’offrir une nuit dans la maison du papa de 007? C’est possible
Dans «No Time To Die», 007 fait son grand retour sur l’île de Bob Marley. L’occasion de revenir sur ce qui les unit. Aujourd’hui: l’histoire de la propriété GoldenEye.
- par
- Malik Cocherel, Jamaïque
Tout a commencé par une histoire d’espionnage au scénario digne d’un vrai James Bond. En 1943, alors qu’il opère au service du renseignement naval britannique, Ian Fleming est envoyé en mission en Jamaïque pour enquêter sur la possible présence de sous-marins allemands dans la mer des Caraïbes. Sur place, le jeune officier anglais ne trouve aucun nazi, mais découvre un vrai paradis où il se verrait bien couler des jours heureux, une fois vaincues les troupes ennemies.
«Quand on aura gagné cette satanée guerre, j’irai vivre en Jamaïque. Juste y vivre, prendre du bon temps, nager dans la mer et écrire des livres», confie Fleming. Quelques années plus tard, alors qu’il a quitté l’armée pour travailler pour le «Sunday Times», le reporter fait son retour sur l’île, où il fait l’acquisition de six hectares de terre sur la côte nord, près de la ville d’Oracabessa («Tête d’or» en espagnol). C’est dans ce «trou perdu» – comme il aimait l’appeler – que Fleming fait bâtir en 1946 la maison de ses rêves, dont il dessine lui-même les plans.
Il donne à cette propriété le nom de code d’un plan, GoldenEye, qu’il avait mis sur pied au cas où l’armée allemande envahirait l’Espagne. C’est dans cette villa à flanc de falaise, offrant une vue imprenable sur la mer des Caraïbes, qu’il écrit «Casino Royale» publié en 1953, puis toutes les aventures de James Bond. De fait, l’agent 007 doit énormément à la Jamaïque. Fleming a avoué que son personnage mythique ne serait probablement pas né, s’il n’avait pas passé ses hivers sous son soleil.
Une muse et une amante
À GoldenEye, le père de Bond ne fait pas que pondre des romans sur sa fameuse machine à écrire plaquée or. En 1956, l’auteur à succès fait également la connaissance de Blanche Blackwell, la mère de Chris, futur fondateur du label Island Records qui a révélé Bob Marley sur la scène internationale. Fleming noue avec elle une profonde relation. Blanche devient sa muse (elle lui a inspiré la femme fatale campée par Ursula Andress dans «Dr. No») et son amante (alors qu’il avait épousé, en 1952, Ann Charteris à Port Maria, près d’Oracabessa).
À la mort de Fleming en 1964, c’est Blanche qui hérite de GoldenEye. Son fils prend ensuite le relais en 1976. Chris Blackwell, qui a travaillé comme régisseur et conseiller musical pour «Dr. No» (premier James Bond filmé en Jamaïque en 1961), décide de faire de l’ancienne demeure de Fleming un lieu de villégiature haut de gamme pour des artistes en quête d’inspiration. C’est ainsi que Sting a couché sur papier les paroles du tube de Police «Every Breath You Take» sur le bureau où ont été écrits tous les James Bond.
Au fil des années, de nombreuses célébrités ont défilé dans les jardins luxuriants de GoldenEye, de Bono à Naomi Campbell, en passant par Harrison Ford et Pierce Brosnan, qui a enfilé le smoking de James Bond de 1995 à 2002. Sous la houlette de Chris Blackwell, le domaine s’est considérablement agrandi. Le producteur au sens aiguisé des affaires a développé un complexe hôtelier autour de la villa de Fleming, où une garden-party a été organisée en avril 2018 pour l’annonce du tournage de «No Time To Die».
Vacances de luxe sous les tropiques
Aujourd’hui, le luxueux resort se compose d’une cinquantaine de cottages dont les prix de location peuvent aller de 850 $ la nuit (pour une cabane de plage à une chambre) jusqu’à 4700 $ la nuit (pour une villa de trois chambres avec vue sur la mer). La maison de Fleming est, elle aussi, à louer avec tous les souvenirs que l’auteur y a laissé. Comptez entre 7600 et 10 600 $ la nuit, suivant la saison, pour avoir le privilège de dormir dans l’une des trois chambres que compte la propriété avec piscine.
La location de la villa vient aussi avec un majordome et un cuisinier. Mais le grand luxe est de pouvoir profiter de la plage privée où l’ancien propriétaire des lieux venait chaque matin faire de la plongée avec tuba pour admirer le récif de corail et trouver l’inspiration. «Fleming y passait des heures à flotter, à observer ou à chasser», a raconté Matthew Parker, auteur de «GoldenEye: Where Bond Was Born». On comprend mieux pourquoi le père de James Bond aimait tant son petit coin de Jamaïque.
Mardi 28 septembre, épisode 2/3: Sur les pas de Sean Connery et Roger Moore en Jamaïque