Conflit Israël-Hamas: Le Liban veut éviter d'«entrer dans la guerre»

Publié

Conflit Israël-HamasLe Liban veut éviter d'«entrer dans la guerre»

Dans un pays sans président depuis un an, le Premier ministre libanais met en garde contre un embrasement régional dans le conflit entre Israël et Hamas. Et il ne peut «pas rassurer» ses concitoyens.

Le Premier ministre Najib Mikati, qui dirige de facto le Liban, privé de président depuis un an, a indiqué ne pas être en mesure de dire si le Hezbollah, avec lequel il maintient des contacts, voulait une nouvelle guerre avec Israël.

Le Premier ministre Najib Mikati, qui dirige de facto le Liban, privé de président depuis un an, a indiqué ne pas être en mesure de dire si le Hezbollah, avec lequel il maintient des contacts, voulait une nouvelle guerre avec Israël.

AFP

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a affirmé, lundi, faire son possible pour éviter que son pays «entre dans la guerre» entre Israël et le Hamas, mettant en garde contre un embrasement régional. Depuis le début de la guerre, déclenchée par l’attaque sanglante sans précédent du Hamas en Israël, le 7 octobre, le Hezbollah – pro-iranien – et ses alliés revendiquent des tirs contre le territoire israélien depuis le sud du Liban, affirmant vouloir soutenir le Hamas.

Dans une interview à l’AFP, Najib Mikati a souligné qu’il ne pouvait pas «écarter une escalade». «Je fais mon devoir afin d’éviter que le Liban entre dans la guerre», a-t-il assuré. «Le Liban est dans l’œil du cyclone.» Le chef du gouvernement, qui dirige de facto le pays, privé de président depuis un an, a indiqué ne pas être en mesure de dire si le Hezbollah, avec lequel il maintient des contacts, voulait une nouvelle guerre avec Israël.

«Tout est lié aux développements dans la région», a-t-il dit, estimant que faute d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, les risques d’une «escalade régionale» étaient grands.

Le Hezbollah ne bombarde pas en profondeur Israël

Des analystes estiment qu’une intensification de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza pourrait pousser le Hezbollah à intervenir plus ouvertement. «Jusqu’à aujourd’hui, je vois que le Hezbollah agit avec sagesse et raison», mais dans le même temps, «je ne peux pas rassurer les Libanais», a souligné le Premier ministre.

Depuis le 8 octobre, le Hezbollah bombarde notamment des positions israéliennes proches de la frontière entre les deux pays pour soutenir le Hamas. Les violences ont fait au moins 62 morts, dont 47 combattants du Hezbollah. Quatre personnes ont été tuées du côté israélien de la frontière.

«Jusqu’à aujourd’hui, je vois que le Hezbollah agit avec sagesse et raison, mais dans le même temps, je ne peux pas rassurer les Libanais.»

Najib Mikati, Premier ministre du Liban

Mais le parti, qui dispose d’un important arsenal, s’est gardé de bombarder en profondeur le territoire israélien, comme il l’avait fait lors la guerre qui l’avait opposé à Israël, en 2006. Najib Mikati a averti qu’une escalade «ne toucherait pas seulement le Liban». «Je crains qu’une escalade n’englobe toute la région, et que le chaos sécuritaire s’étende à tout le Moyen-Orient».

Depuis le début de la guerre, les alliés de l’Iran visent également Israël depuis le territoire syrien, ainsi que les bases américaines en Syrie et en Irak, alimentant les craintes d’une extension du conflit.

Le rôle «très important» du Qatar «dans la médiation»

Najib Mikati, qui a effectué une brève visite, dimanche, au Qatar, a souligné que Doha «jouait un rôle très important, notamment dans la médiation en cours» pour tenter d’arrêter la guerre entre Israël et le Hamas. Celle-ci, entrée lundi dans son 24e jour, a fait des milliers de morts.

Le Hamas, qui a pris en otage plus de 230 personnes, s’est dit prêt à les libérer en échange des plus de 5000 prisonniers palestiniens incarcérés en Israël.

Le Premier ministre libanais a indiqué que la médiation du Qatar avait «failli aboutir vendredi dernier, mais a été sabotée par les opérations terrestres des Israéliens dans Gaza». À présent, le Qatar cherche à «reprendre ces négociations, en espérant qu’elles mèneront à un cessez-le-feu» et à un «échange de prisonniers».

Un président, «au plus vite»

Najib Mikati, qui dirige un gouvernement démissionnaire aux pouvoirs réduits, a par ailleurs souligné qu’il était urgent que «le Liban élise au plus vite un président». «Ce vide politique n’est pas bon» pour le pays. Depuis la fin du mandat de Michel Aoun, le 31 octobre 2022, les députés ont été incapables de s’entendre pour lui désigner un successeur, le Parlement étant divisé entre le camp du Hezbollah et ses adversaires. Le Premier ministre a appelé «les députés à se réunir et élire un chef de l’État».

«Les Libanais ont eu suffisamment de guerres, ils les ont vécues une génération après l’autre», a ajouté Najib Mikati, dont le pays a connu, outre les différents épisodes du conflit avec Israël, une longue guerre civile (1975-1990).

(AFP)

Ton opinion