L’appel de détresse d’une Suissesse sur l’Ocean Viking

«Je vous parle depuis le pont d’Ocean Viking, où je suis avec 306 personnes rescapées pour certains il y a plus d’une semaine. Il y a neuf enfants en bas âges parmi eux. Nous venons de traverser une tempête avec plus de deux mètres de vague. Il pleut, le pont est mouillé, cette nuit les rescapés ont été trempés, frigorifiés…» C’est le souffle court que Claire Juchat, membre de SOS Méditerranée et seule suissesse à bord du navire, raconte ce mercredi les conditions qui se dégradent à bord de l’Ocean Viking en mission aux larges des côtes libyennes: «Nous devons pour débarquer le plus rapidement possible. C’est un devoir de la part des États, nous avons accompli le nôtre en secourant ces personnes».

Parti du port d’Augusta en Italie le 30 octobre dernier, l’Ocean Viking, bateau affrété par l’organisation SOS Méditerranée, a réussi à sauver plus de 300 personnes lors de quatre opérations. Actuellement, le bateau compte donc 306 rescapés qui vivent dans des conditions de plus en plus difficiles. Le problème est quasi-récurrent à chaque mission du navire battant le pavillon norvégien: il faut trouver des solutions de débarquement pour ces migrants partis des côtes libyennes.

Selon un responsable de SOS Méditerranée en Suisse, huit demandes de débarquement ont été faites aux autorités libyennes, maltaises et italiennes, sans succès pour l’heure, alors que la mer est de plus en plus démontée: «Nous avons dû procéder à 2 évacuations médicales. Beaucoup de personnes souffrent de déshydratation, de brûlures liées au mélange d’eau de mer et de carburant et toutes sont épuisées».

Le travail effectué par l’équipage de l’Ocean Viking est énorme et le temps presse: «Alors que le temps se dégrade, avec de fortes pluies attendues dans les prochains jours, précise le porte-parole, l’équipe médicale s’attend à une aggravation des conditions sanitaires parmi une population déjà vulnérable. L’aggravation des conditions de mer ces derniers jours a déjà entraîné de multiples cas de mal de mer».