FootballChristian Constantin se prépare à quitter le FC Sion
Le patron historique du club valaisan s’apprête à passer la main, ce qu’il fera d’ici 2025. À bientôt 65 ans, qu’il fêtera le 7 janvier, il n’entend pas pour autant prendre sa retraite. Confidences.
- par
- Nicolas Jacquier
Ce que l’on pouvait pressentir a trouvé confirmation. Christian Constantin s’apprête à passer la main et à lâcher le FC Sion, qu’il soutient financièrement, en tant que mécène, depuis son retour aux affaires en 2003. Le promoteur de Martigny avait déjà effectué un premier passage à Tourbillon lorsqu’il avait succédé à André Luisier en 1992 avant d’abandonner la présidence en 1997.
Avec son départ programmé prendra fin une très longue ère. Le boss valaisan s’en est expliqué en début de semaine dans une interview accordée au Nouvelliste, évoquant notamment le moment de son départ. «À vue de nez, y expliquait-il alors, je continuerai trois ou quatre ans. Cela m’amènera au 100e anniversaire de la Coupe de Suisse.»
Il ne touchera pas l’AVS
Le 7 janvier, Christian Constantin, qui fêtera ce jour-là ses 65 ans, basculera dans le camp des retraités… très actifs. «Mais je ne vais pas toucher l’AVS, j’ai repoussé la question pour mes 70 ans, voire plus tard», dit-il.
Voici plusieurs mois déjà que CC prépare sa sortie. «Rien d’humain n’est éternel, je n’échappe pas à la règle, devait-il nous confier ce jeudi. Même si cela ne me gêne pas de mourir sur scène, je dois commencer à penser à ma succession. Il ne faut pas que je déconne… Quand j’étais joueur à Xamax, Gilbert Facchinetti était mon président. Je l’ai ensuite côtoyé tout comme j’ai croisé le fer et côtoyé Bernard Tapie. L’un et l’autre ont disparu, le temps a passé, le poids des morts commence à compter.»
S’il entend progressivement se désengager du FC Sion, son patron ne souhaite en revanche pas prendre du recul dans ses affaires professionnelles. «Ma seule liberté, c’est d’avoir mon entreprise. J’entends m’y investir jusqu’à 75 ans, en montant encore en intensité. Dans ce domaine, j’ai encore du boulot plein les bras et des projets pour au moins dix ans!»
Deux millions de francs par mois
En tant que mécène, Christian Constantin représente un modèle en voie d’extinction. «Je suis le dernier président à l’ancienne, détaille-t-il. Toutes les infrastructures du club sont situées sur des propriétés qui m’appartiennent. Cela dit, personne n’imagine les emmerdements que représente la gestion d’un club. Il faut sans cesse générer de l’argent. À Sion, il y a zéro franc en caisse quand tu commences une saison le 1er juillet et il doit avoir 24 millions de francs le 30 juin quand tu la termines. Cela fait deux millions à sortir chaque mois (…) David Degen, qui a mis ses économies dans le rachat du FC Bâle, commence déjà à comprendre combien c’est compliqué sur la longueur…»
Certitude acquise: le FC Sion ne restera pas en mains familiales. Barthélémy Constantin, actuel directeur sportif, ne succédera ainsi pas à son père. «Si tu aimes quelqu’un, tu ne lui fais pas faire ce job (…) Pour faire tourner la boutique, il ne faut pas une surface financière d’héritier mais de production au quotidien.»
Avant de s’effacer, le patron de Tourbillon nourrit une dernière (et peut-être double) ambition sportive. «J’aimerais gagner une nouvelle Coupe de Suisse afin d’égaler le record de Karl Rappan et de Severino Minelli avec huit Coupes, et idéalement remporter un nouveau titre de champion qui serait quelque chose de sympa à vivre pour boucler la boucle.» Le dernier l’avait été en 1997, lors du doublé Coupe-championnat.