Arc jurassien: On peut fumer sur les places de jeux

Avec des «Zone d’air pur» appelées «ZAP», trois communes neuchâteloises s’engagent contre le tabagisme en présence d’enfants: une campagne sera déployée sur une trentaine de places de jeu à La Tène, La Grande Béroche et Val-de-Travers, avec des panneaux bleus, des marquages au sol et des flyers.

«La démarche se voulant positive, cette action ne vise pas à interdire les cigarettes, puffs ou encore cigarettes électroniques dans ces lieux, mais à responsabiliser la population à ne pas consommer de tabac devant les plus jeunes», peut-on lire dans un communiqué. Interdire la fumée sur les places de jeux n’est pas pour demain.

Dans le canton de Berne, le Conseil exécutif juge contre-productive une interdiction entre les balançoires et les toboggans, une opinion qui fâche le lobby antitabac. Quatre ans après le dépôt d’une motion demandant une «Interdiction de fumer sur les places de jeux publiques et dans les installations scolaires du canton de Berne», la députée socialiste Sarah Gabi Schönenberger doit ronger son frein.

Le gouvernement bernois a mandaté un groupe de travail. Sa conclusion: «L’interdiction de fumer sur les aires de jeux publiques pour enfants n’est pas une solution judicieuse», est-il indiqué dans le rapport final.

Pour le groupe de travail, deux arguments principaux s’opposent à l’interdiction de fumer près des balançoires. Primo, la difficulté de contrôler et de sanctionner les fumeurs. Secondo, sur le plan de la nocivité, les mégots s’ajouteraient à la fumée.

Mardi après-midi à Bienne, des mégots jonchaient le sol autour des bancs disposés dans une place de jeux, en dépit d’un cendrier placé à l’entrée, à l’extérieur mais à bout de bras. «Les mégots de cigarettes sont extrêmement dangereux pour les tout-petits, qui explorent le monde en mettant à la bouche tout ce qui leur tombe sous la main», estime la députée Sarah Gabi Schönenberger.

«Chez les petits, les mégots de cigarettes, même ingérés en petites quantités, peuvent causer de graves intoxications, voire la mort», a affirmé la députée socialiste.

Sur l’exemple neuchâtelois, le Conseil exécutif bernois veut miser sur la sensibilisation avec des affiches et des panneaux d’information. «Mon mari fumeur ne fume pas sur une place de jeux. Je mettrais des affiches à l’intention de ceux qui ça n’effleure…», réagit à Bienne une maman d’un garçon de cinq ans.

Représente de la Ligue pulmonaire suisse au sein du groupe de travail, Claudia Künzli prône une interdiction. «Le tabagisme passif est plus nocif pour la santé des enfants et des jeunes que pour celle des adultes, car leurs poumons ne sont pas encore complètement développés», a-t-elle expliqué, en soulignant le rôle de modèle joué par les adultes qui s’occupent des enfants sur les aires de jeux.

Après quatre ans d’attente, la députée Sarah Gabi Schönenberger est déçue par les arguments présentés. Elle reviendra à la charge, convaincue que la prévention et l’interdiction sont complémentaires, en rappelant que toutes les gares suisses sont des espaces non-fumeurs depuis 2019, tandis que depuis 2005, plus personne n’a le droit de fumer dans les transports publics.

Selon la Ligue pulmonaire suisse, la loi sur les produits du tabac qui entrera en vigueur en 2024 laissera une marge de manœuvre dans la protection contre le tabagisme passif.

Le canton de Genève est celui qui applique les règles les plus strictes en matière de tabagisme. Il y est interdit de fumer en plein air dans les arrêts de bus, les aires de repos et les places de jeux. Les contrevenants s’exposent à une amende pouvant atteindre 1000 francs.

En 2008 déjà, la ville de Coire a édicté un règlement interdisant la fumée sur les places de jeux et dans les installations scolaires. «Cette interdiction n’a pas donné lieu à de grandes discussions à l’époque et est très bien acceptée, sans doute parce qu’elle se limite à des lieux principalement fréquentés par des enfants et des jeunes», relève la députée bernoise Sarah Gabi Schönenberger. En France, l’interdiction de fumer est appliquée sur les places de jeux depuis 2015.