FootballL’équipe de Suisse a-t-elle posé les bases de son nouveau destin?
En animant son jeu pour faire briller Granit Xhaka, l’équipe nationale a posé certaines bases face à la Biélorussie (5-0). Mais Yakin construira-t-il dessus?
- par
- Valentin Schnorhk - Novi Sad (Serbie)
Qu’importe l’adversité, l’équipe de Suisse se devait de donner le ton. La route vers l’Euro 2024 ressemble à une ligne droite, mais il importe qu’elle suive un rythme. Alors en l’emportant 5-0 contre la très faible Biélorussie samedi, il y a déjà un départ conforme aux attentes.
Même si tout au long de cette année 2023, l’enjeu premier sera le fond. Il faudra dégager des assurances dans le jeu qui permettront d’aborder la suite avec des convictions. Peut-être bien que l’équipe de Suisse a posé les premières bases de son nouveau destin à Novi Sad. Ou peut-être pas.
Les trois enseignements
Il n’y avait pas que la victoire qui comptait. L’équipe de Suisse a donc marqué la rencontre de sa domination, en menant déjà 3-0 après une demi-heure. C’était un point important pour lancer d’une meilleure optimale cette campagne de qualification pour l’Euro 2024.
Attendu forcément au tournant de ses intentions, Murat Yakin a choisi de démarrer cette campagne avec un système relativement équilibré en 4-3-3, avec Granit Xhaka au poste de relayeur gauche, comme à Arsenal. C’est peut-être le chemin que le sélectionneur voudra suivre tout au long de cette année 2023, mais cela demande à être confirmé.
Puisqu’il a inscrit un triplé, il est difficile de l’ignorer: Renato Steffen a fait un match exemplaire dans sa capacité à finir les actions, à être en bout de chaîne de celles-ci. Ses buts ne sont pas difficiles à mettre, et il l’a reconnu, mais il était important que l’ailier droit qu’il était soit à la réception des actions qui se construisaient côté gauche.
Le meilleur: Granit Xhaka
Au-delà des trois buts de Renato Steffen, il y a un capitaine de l’équipe de Suisse partie prenante d’un côté gauche qui a très bien marché samedi. Granit Xhaka a été impliqué sur le deuxième but suisse, puis il a inscrit le quatrième et donné le cinquième à Zeki Amdouni.
C’est une prestation pleine dans un système que l’on pourrait penser réfléchi pour lui. Vu les performances qu’il réalise à Arsenal, ce ne serait pas totalement incongru de la part de Murat Yakin. Mais cela ne doit pas mettre en péril la bonne marche de l’équipe. Reste que Xhaka n’a aucune peine à interpréter ce rôle.
Le moins bon: Remo Freuler
Il devait être le pendant de Xhaka, mais Remo Freuler n’a pas pour habitude de s’exprimer dans le même registre. Sa science du demi-espace n’est pas aussi aiguisée que celle de Xhaka. Le joueur de Nottingham a donc incarné un côté droit qui marchait beaucoup moins que le gauche.
À presque 31 ans, Freuler n’est pas terminé, mais il n’incarne sans doute pas l’avenir dans ce rôle. Dans une année que la Suisse devra dominer en plus de maîtriser, son profil se fait peut-être un peu moins essentiel que lorsque l’équipe nationale est confrontée à des sélections majeures.
La décla’
Le fait tactique: l’animation du côté gauche
Ce sont des mots de Murat Yakin que l’on note. «Les choses se sont en effet bien passées sur le côté gauche, a-t-il reconnu. Sur la droite, c’était plus compliqué. Freuler n’avait plus vraiment l’habitude de ce positionnement.» Autrement dit, l’animation pensée par Yakin a fonctionné seulement là où Granit Xhaka (notamment), Ricardo Rodriguez et Ruben Vargas se trouvaient.
Difficile de ne pas y voir l’influence tactique du capitaine. Dans sa zone, il a répété les déplacements qu’il effectue à Arsenal, et il a surtout incité Ruben Vargas à faire les bons appels complémentaires. La clé, dans ce modèle, c’est la capacité à combiner l’occupation du demi-espace et la menace de la profondeur. Xhaka était plutôt assigné à la première mission, alors que Vargas devait cibler la seconde.
Cela a marché, compliquant la tâche de la défense biélorusse, devant se fixer sur deux déplacements antagonistes. L’apport de Ricardo Rodriguez, tantôt sur la largeur, tantôt à profiter de la profondeur, a également représenté une menace supplémentaire.
Pourquoi cela n’a-t-il pas fonctionné à droite? Le triangle Widmer-Freuler-Steffen a affiché beaucoup moins de complémentarité et, surtout, les zones occupées étaient moins menaçantes pour la Biélorussie. Ainsi, Freuler a souvent cherché à donner de la largeur, laissant la profondeur à Widmer. Et Steffen? Attiré par l’intérieur du jeu, il n’a pas su se montrer dans des espaces décisifs. Mais lorsque le jeu se construisait à gauche, alors il a eu ce flair pour finir dans la surface.
La statistique
2, comme le nombre de tirs que la Suisse a tenté au-delà de 20 mètres du but biélorusse, sur 14 au total. Il y a eu la frappe de Zakaria en première période, déviée de la main par un défenseur, et le but de Granit Xhaka. Signe que la Suisse n’a pas forcé son jeu et a plutôt cherché les bonnes positions de frappe.
Une question pour penser l’avenir
Face à Israël mardi, Murat Yakin cherchera-t-il à s’inscrire dans la même idée de jeu que face à la Biélorussie samedi?