Hockey sur glace – «Plus la difficulté est grande, plus l’engagement de tous est indispensable»

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Hockey sur glace«Plus la difficulté est grande, plus l’engagement de tous est indispensable»

Ange gardien du HC Ajoie, Tim Wolf a subi une charge de travail démentielle ces six derniers mois. Alors que le HCA livre samedi soir à Rapperswil son dernier match de l’exercice, le Zurichois, qui n’en a pas encore assez, a déposé sa licence B à Kloten.

Julien Boegli Porrentruy
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Julien Boegli Porrentruy
Le futur gardien des Aviateurs.

Le futur gardien des Aviateurs.

Bastien Gallay/freshfocus

La saison du HC Ajoie se terminera samedi soir sur la glace de Rapperswil. Une victoire ou un échec lors de cette conclusion n’y changera rien. Son premier concours en National League, le néo-promu le bouclera en dernière position. Après des mois de souffrances à accumuler les revers, on imagine volontiers une équipe impatiente de tirer un trait sur cet exercice.

Le succès remporté 2-1 vendredi contre Langnau, les joueurs jurassiens l’ont pourtant longuement fêté avec leurs supporters dans une ferveur qui laissait davantage penser que le HCA venait de valider sa qualification pour les play-off. Il ne s’agissait là que de son dernier match à domicile. Que d’une neuvième victoire cette saison, la troisième obtenue lors des quatre derniers matches à la maison. Rien de plus. «Vous avez vu cela? C’est simplement incroyable! On a beau avoir enchaîné les défaites, ce public est toujours derrière nous. Ailleurs, on serait sortis sous les sifflets après trois revers. Ici, on est soutenus quoi qu’il advienne.»

À chaque fois qu’il prend place devant les filets à Porrentruy, Tim Wolf sait qu’il pourra compter dans son dos sur le soutien du mur jaune et noir durant deux périodes. «Cela ôte pas mal de pression d’être encouragé de la sorte.» Du soutien, le gardien zurichois de 30 ans, révélation ajoulote du championnat, n’en a pourtant pas toujours eu cet hiver sur la glace. Avec une défense parfois dépassée par les événements et l’absence d’un numéro 2 attitré, son organisme a été soumis à rude épreuve.

Tim avait néanmoins pleine conscience de ce qui l’attendait. Lors de sa première année en tant que titulaire à ce niveau de jeu, c’était lors du championnat 2014-15, il avait vécu pareille contrariété avec Rapperswil et une relégation en bout de ligne lors de la série de barrage face à Langnau. «Je me suis préparé à cela. C’était une saison d’apprentissage, on savait que cela serait compliqué. Il fallait que je sois prêt à endurer cela», reconnaît-il.

Cela, c’est 2360 minutes passées à devoir sauver la baraque (il est le 4e gardien le plus utilisé de la ligue), c’est aussi 158 buts encaissés, soit le double de la moyenne des gardiens de National League. Cela, c’est encore 1382 frappes adverses bloquées ou déviées, soit bien plus que les 1154 arrêts de Reto Berra. Sans véritable doublure pour le seconder, les moments de répit ont été rares pour lui. Mais il y était préparé.

La valse des liences B, avec les présences occasionnelles de Viktor Östlund d’abord (Lausanne) puis Nicola Aeberhard (La Chaux-de-Fonds) et Loïc Galley (FR Gottéron), lui ont tout juste permis de suivre épisodiquement l’action depuis l’extérieur. «Cette situation devra nécessairement être réglée pour la saison à venir», dit-il d’ailleurs. Le ras-le-bol s’est-il parfois installé lors de certaines déroutes ou lors de cette impressionnante série de revers (19 consécutifs)?

On pouvait légitimement s’attendre à rencontrer un homme fatigué, éprouvé physiquement et mentalement, vendredi soir devant le vestiaire du HCA. On a trouvé un gars souriant et affable, dont les traces de cet hiver brûlant semblent déjà avoir glissé dans l’oubli. «La pression et la difficulté, on les vit tous à ce niveau. On est payé pour y être confronté», livre, sourire en coin, le bonhomme qui affiche 89,74% d’arrêts. «Cela a été dur mentalement, oui, mais je n’ai jamais ressenti de saturation. Je veux vivre cette expérience avec le groupe. Plus la difficulté est grande et plus l’engagement de tout le monde est indispensable. Dans ce genre de moments pénibles, on n’a pas le droit d’abandonner.»

Preuve que le Zurichois n’est pas encore repu, sa licence B a été activée du côté de Kloten. Dans les prochains jours, il rejoindra ainsi une organisation à qui il a causé bien des malheurs en avril dernier lors de la finale des play-off de Swiss League. Sa mission, aux côtés de Sandro Zurkirchen, sera de mener les Aviateurs jusqu’en National League. «Prolonger la saison ne me pose aucun problème. Si elle pouvait se prolonger jusqu’à l’été, je serais le premier à m’en réjouir.»

Elle n’ira en tout cas pas au-delà du 24 avril, date d’un éventuel 7e duel en finale des séries de Swiss League.

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