Ski alpinMichelle Gisin: «Je dois dire merci au Dieu des centièmes!»
L’Obwaldienne (3e) a eu peur que sa performance dans le super-G des Jeux de Pékin ne suffise pas pour une médaille. Sur le podium, elle a pensé à cet été quand elle avait la mononucléose.
- par
- Christian Maillard Yanqing
Quand l’été dernier, alors qu’elle souffrait d’une mononucléose, Michelle Gisin n’arrivait pas à sortir de son lit, qu’elle ne trouvait même pas la force d’aller manger ou marcher, jamais elle n’aurait imaginé, que ce vendredi 11 février, elle serait sur le podium des Jeux olympiques. Jamais, l’Obwaldienne n’aurait pensé vivre ce grand moment historique à côté de Lara-Gut Behrami, enfin en or aux JO. «Cet été, j’étais sur mon canapé en train de regarder les Jeux de Tokyo à la télé et je me suis dit que pour Pékin, je n’y serais certainement pas.»
Michelle Gisin ne cache pas que cette maladie sournoise l’a complètement vidée. «C’était une phase très difficile dans ma vie où je me suis retrouvée dans une sorte de dépression, explique la skieuse d’Engelberg. Tout à coup, je me mettais à pleurer durant deux heures sans savoir vraiment pourquoi. Normalement, vous me connaissez, j’aime bien la vie et rigoler mais là, je n’y arrivais plus. Je ne pouvais plus rien faire si ce n’est dormir. C’est fou quand j’y pense d’être ici avec vous, à parler de cette médaille.» C’est la première chose qui lui a d’ailleurs traversé l’esprit lorsque sur le podium, elle a reçu sa breloque en bronze. «Et là je me suis remise à pleurer, mais cette fois-ci il s’agissait de larmes d’émotion.» Comme un soulagement.
«C’est fantastique et vraiment un rêve pour moi, surtout en super-G, poursuit la sœur de Dominique, qui s’est très peu entraînée en vitesse cet hiver. Mais aussi bizarrement que cela puisse paraître, je perds moins d’énergie que dans les épreuves techniques où entre deux manches vous devez garder la tension des heures, c’est plus difficile.»
Après deux séances d’entraînement, jeudi, et ce vendredi matin, l’Obwaldienne a retrouvé la joie de skier vite et la confiance avant ce super-G. «Malgré deux petites fautes sur le haut et une bosse que j’ai sautée un peu trop à droite, c’était une bonne course. J’ai eu peur toutefois que cela ne suffise pas pour une médaille, mais cette fois-ci, c’est moi qui ai eu de la chance. Je dois dire merci au Dieu des centièmes.»
Après être passée si près d’une première récompense, mercredi, au slalom, passant de la deuxième à la sixième place, la déception avait été immense pour Michelle Gisin. «Ma première manche avait été si belle que je ne pouvais pas croire que je n’avais pas été capable de saisir ma chance. La médaille était là, vraiment là, que j’étais triste. Mais le lendemain matin, je me suis dit d’arrêter de pleurer comme un bébé. Que j’étais là aux Jeux olympiques et que je devais en profiter, que j’aurais encore d’autres chances.»
Cela n’a pas tardé. La championne olympique du combiné de PyeongChang a même déjà eu droit, à côté de Lara Gut-Behrami, à l’hymne national. «C’était trop beau, s’exclame Michelle. Tu fais une médaille qui n’est pas en or et tu entends ton hymne national, c’est génial.»
Et maintenant, place à la descente, qui aura lieu ce mardi, à Yanqing, avec espérons-le, autant d’émotions…