FranceLa vague #Metoo emporte Julien Bayou
Accusé de harcèlement moral par son ex-compagne, le secrétaire national d’Europe Écologie Les Verts (EELV) a annoncé lundi qu’il démissionnait.
La vague #MeToo déferle à nouveau à gauche: le patron des Verts Julien Bayou a quitté lundi ses fonctions. Accusé de violences psychologiques envers son ex-compagne, il s’estime piégé par une situation «intenable». «J’ai annoncé ce matin aux adhérents d’Europe Ecologie les Verts ma démission de mes fonctions de Secrétaire national», explique Julien Bayou dans un communiqué.
Il va également annoncer dans la journée à son groupe parlementaire sa «démission de la Présidence du groupe écologiste à l’Assemblée nationale», poste dont il était déjà suspendu depuis quelques jours, a-t-il ajouté.«Je suis accusé de faits qui ne me sont pas présentés, dont mes accusateurs-ices disent qu’ils ne sont pas pénalement répréhensibles, et dont je ne peux pour autant pas me défendre puisqu’on refuse de m’entendre», explique-t-il.
Affaire révélée en juillet
«Cette situation est intenable et le contexte délétère semble empêcher tout discernement, dans un moment où la société bascule et cherche le point d’équilibre pour cette si nécessaire révolution féministe», a-t-il ajouté. Il a souligné que sa décision «ne remettait en question» ni son mandat de député ni son «engagement présent et à venir».
Cette démission intervient après des accusations de harcèlement moral par une ex-compagne. Les faits qui lui sont reprochés ne sont pas clairement connus, aucune plainte n’a été déposée et aucune enquête judiciaire n’a été ouverte. L’affaire avait été révélée en juillet, quand la cellule interne d’EELV sur les violences et harcèlements sexuels, a été saisie pour un signalement le concernant.
Mais elle a pris un nouveau tournant la semaine dernière, lorsque la députée Sandrine Rousseau l’a accusé de «comportements de nature à briser la santé morale des femmes», et a raconté, sur un plateau TV, avoir «reçu longuement» chez elle une ex-compagne «très déprimée» de Bayou. L’ecoféministe avait aussi assuré qu’«elles sont manifestement plusieurs» à être concernées par ces comportements.
Coup de grâce
En plein remous de l’affaire Adrien Quatennens, le bureau du groupe écologiste à l’Assemblée avait décidé la semaine dernière de suspendre Julien Bayou de ses fonctions de coprésident, qu’il occupait avec Gabrielle Chatelain. Et le coup de grâce a été donné dimanche par Yannick Jadot, qui a jugé que «pour la sérénité de l’enquête» interne, il serait «de bonne intelligence (...) qu’on accélère sa mise en retrait du secrétariat national d’EELV».
Sur les faits reprochés, Bayou, qui doit tenir une conférence de presse, lundi après-midi, avait expliqué en juillet au «Figaro» qu’il s’agissait «d’une rupture qui s’accompagne de menaces à peine voilées à mon endroit et d’une forme d’instrumentalisation que je ne peux que déplorer».
Cette démission ajoute une dose de chaos au sein d’EELV, où un référendum interne pour simplifier l’organisation et adapter le parti à la «conquête du pouvoir», a été rejeté ce week-end par les adhérents. Ce référendum marque une claire division au sein du parti, déjà connu pour ses opaques débats et luttes internes.