Football: Bojan Krkic méritait plus que d’échouer à être «le nouveau Messi»

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FootballBojan Krkic méritait plus que d’échouer à être «le nouveau Messi»

Véritable phénomène chez les jeunes du Barça, Bojan Krkic a annoncé sa retraite, jeudi. Crises d’angoisses, pression démesurée: il aura subi le football professionnel pendant 16 ans.

Rebecca Garcia
par
Rebecca Garcia
Bojan a rejoint Stoke City en 2014, avant de quitter le club en 2019.

Bojan a rejoint Stoke City en 2014, avant de quitter le club en 2019.

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Un nom qui passe aujourd’hui relativement inaperçu était pourtant le grand espoir des Catalans il y a 15 ans. Bojan Krkic était vu comme le nouveau Messi, celui qui allait briller au plus haut niveau comme son coéquipier argentin.

La trajectoire de la pépite de Linyola a été tout autre, si bien que le joueur si impressionnant à la Masia a rejoint la Roma, Stoke City, Montreal Impact ou encore Vissel Kobe sans vraiment s’imposer comme le maillon fort. Bojan a annoncé sa retraite jeudi, à l’âge de 32 ans, et promet un dernier match sous le maillot de la sélection catalane. Talent gâché, certainement, par les autres.

Parce qu’il l’a répété plusieurs fois: la pression mise sur ses épaules a toujours été présente dans un coin de sa tête. «Les gens disent que ma carrière n’a pas pris le chemin attendu. Oui, si vous me comparez à Messi… à quelle carrière vous attendez-vous?» a-t-il expliqué dans une entrevue accordée au média britannique «The Guardian» en 2018. Être assimilé à Lionel Messi serait un honneur pour certains, pour lui c’était une horreur.

Bojan, alors âgé de 17 ans, côtoyait déjà des légendes du sport comme Lionel Messi et Thierry Henry sur le terrain.

Bojan, alors âgé de 17 ans, côtoyait déjà des légendes du sport comme Lionel Messi et Thierry Henry sur le terrain.

imago/PanoramiC

Crises d’angoisse

Les quelque 900 buts marqués dans les jeunes équipes de la Masia ont permis au garçon d’1m70 de faire ses premiers pas en Liga, puis en Ligue des champions. Vient ensuite l’appel du sélectionneur Luis Aragonès pour l’Euro 2008, mais Bojan n’y est pas allé. Car il a compris que son corps le trahissait lors du match amical contre la France.

«Les gens ne donnent pas de crédit à ce que vous faites.»

Bojan, dans une entrevue à «The Guardian» en 2018.

«J’allais bien quand je suis allé au vestiaire pour le match mais j’ai commencé à sentir ces puissants vertiges, je me sentais dépassé, paniqué, et me suis allongé sur le banc du physio», raconte-t-il encore. D’autres épisodes du genre sont survenus, et l’ont contraint à renoncer à l’Euro.

L’Espagne appelle Bojan, et Bojan dit non. Les journaux ont fustigé l’Espagnol, mortifié par cette tournure. «C’est comme si je m’en fichais. Je me souviens que j’étais à Murcia et que les gens m’insultaient. Ils ne savaient pas, et pensaient simplement que je ne voulais pas jouer.»

Sauf que le joueur, alors âgé de 18 ans seulement, voulait être sur le terrain. Il a même quitté le FC Barcelone pour trouver du temps de jeu. Il a d’abord accompagné Luis Enrique en Italie, à la Roma, avant de passer par d’autres championnats. «Les gens ne donnent pas de crédit à ce que vous faites. Il y a cette phrase: «On va voir si Bojan retourne à son meilleur niveau.» Mais c’est quoi le meilleur niveau? Je l’ai atteint chaque saison, parfois de manière plus régulière, parfois moins. J’ai toujours été compétitif.»

Aux yeux de beaucoup, Bojan reste ce gamin qui aurait pu connaître une carrière plus clinquante. Mais l’Espagnol ne s’en formalisait déjà plus en 2018. «J’aime le football et personne ne me prendra ça. Je suis fier de ma carrière, fier de ce que j’ai vécu. Et même s’il y a des moments difficiles, il faut être fort.»

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