MédecineDécouverte d’un nouveau virus qui s’attaque au foie
L’Institut Pasteur a identifié une espèce inconnue de circovirus pathogène, une famille que l’on trouvait habituellement chez les animaux, et qui est liée à l’hépatite.
- par
- Michel Pralong
Dans le cadre d’une nouvelle étude, des scientifiques et médecins ont identifié une espèce encore inconnue de circovirus. Cette famille de petits virus à ADN très résistants a été identifiée initialement en 1974 chez plusieurs espèces animales et ils peuvent être responsables de problèmes respiratoires, rénaux, dermatologiques et reproductifs, Mais s’il n’est pas rare de trouver des virus passant entre animaux et humains, c’est bien plus exceptionnel de tomber sur un nouveau virus chez l’homme en Europe.
Ce sont des scientifiques de l’Institut Pasteur, de l’hôpital Necker, de l’Inserm au sein de l’Institut Imagine, d’Université Paris Cité et de l’École nationale vétérinaire d’Alfort qui ont trouvé ce circovirus, qui est lié à une hépatite. «La patiente avait une hépatite chronique inexpliquée, avec peu de symptômes. Elle avait été doublement greffée du cœur et des poumons 17 ans plus tôt, avec un suivi très régulier. Nous avons pu avoir accès à de nombreux échantillons sur plusieurs années, ce qui nous a permis d’identifier ce nouveau virus, qui était pour le moins inattendu», explique Marc Eloit, dernier auteur de l’étude publiée dans «Emerging Infectious Diseases» et responsable du laboratoire Découverte de pathogènes à l’Institut Pasteur. Son laboratoire est précisément spécialisé dans la recherche de pathogènes chez des patients avec une suspicion d’infection grave dont les causes ne sont pas identifiables.
Des échantillons des tissus pathologiques de cette patiente de 61 ans sous traitement immunosuppresseur ont été analysés, ce qui a permis d’identifier ce nouveau circovirus, provisoirement nommée Human circovirus 1 (HCirV-1). En comparant avec des échantillons plus anciens de cette patiente, les chercheurs n’ont pas trouvé trace de ce circovirus entre 2017 à 2019, puis ont vu que sa concentration a atteint un pic en septembre 2021. 2 à 3% des cellules du foie étaient infectées, démontrant le rôle du HCirV-1 dans les dommages à cet organe: une fois que ce virus a utilisé les ressources de la cellule hépatique pour se multiplier, il la détruit. À partir de novembre 2021, après un traitement antiviral, les enzymes hépatiques sont revenues à un niveau normal chez la patiente, explique l’Institut Pasteur dans un communiqué.
Test PCR pour le détecter
Alors que certains circovirus sont pathogènes pour les animaux et peuvent faire l’objet de vaccination, il s’agit du premier circovirus pathogène pour l’homme. Les symptômes de la patiente sont restés légers, et l’identification de ce virus est liée au fait qu’elle ait été très suivie en raison de sa double greffe. L’origine du virus, humaine ou animale, reste à identifier, de même que la source de l’infection elle-même (contact, alimentation, etc.). Grâce à cette découverte, les scientifiques ont pu mettre au point un test PCR spécifique désormais disponible pour le diagnostic étiologique d’hépatite d’origine inconnue. Un test sérologique est également en développement.