Attentats de BruxellesL’objectif était de frapper Paris durant l’Euro 2016
L’unique survivant du commando djihadiste de l’aéroport de Bruxelles s’est exprimé jeudi devant la justice belge. Il a évoqué les circonstances de ces attaques.
Quelques mois après les attentats du 13 novembre 2015, la cellule jihadiste de Bruxelles entendait de nouveau frapper la France à l’occasion de l’Euro de football, a confirmé jeudi Mohamed A., l’un des principaux accusés du procès des attentats du 22 mars 2016, à Bruxelles.
«Il ne devait jamais y avoir d’attentat en Belgique. Le plan initial était de refrapper à Paris pendant l’Euro de foot» en juin 2016, a affirmé devant la cour d’assises de Bruxelles l’unique survivant du commando jihadiste de l’aéroport de Bruxelles.
«Le plan (d’attaque sur Paris) est tombé à l’eau après l’arrestation de Salah Abdeslam» à Bruxelles le 18 mars 2016, a précisé Mohamed A. Dès lors, a-t-il poursuivi, avec la crainte qu’Abdeslam parle et que les «planques» soient découvertes, «ça s’est enchaîné très rapidement», «le plan A tombe, il faut frapper ici» à Bruxelles. «On a été dépassé par les événements», a-t-il résumé.
«Ce sera la première fois qu’un Euro est annulé»
Le projet d’une nouvelle attaque sur Paris pendant l’Euro de football, reconnu pour la première fois en audience par un accusé, avait été mis au jour au lendemain des attentats de Bruxelles grâce à un fichier audio retrouvé sur un ordinateur abandonné dans une poubelle par les jihadistes de la cellule bruxelloise.
Dans ce fichier audio, enregistré entre le 11 et le 13 mars 2016, on entend Najim L., un des kamikazes de l’aéroport, expliquer à «Abou Ahmed» (identifié plus tard comme étant Oussama A., le commanditaire présumé des attentats du 13-Novembre et de Bruxelles, ndlr) qu’il faudrait cibler Paris pour faire annuler l’Euro.
«Si on y arrive, ce sera la première fois qu’un Euro est annulé (...) Déjà ce sera (une) honte pour eux, deuxièmement ce sera une grosse perte financière, troisièmement ça servira de leçon à tous ceux qui veulent s’engager dans des frappes» contre l’organisation Etat islamique (EI), disait Najim L.
Ce fichier audio avait été diffusé en audience à Bruxelles au début de l’année et évoqué lors du procès des attentats du 13-Novembre (130 morts) à Paris l’an dernier. Présumé mort en zone irako-syrienne, Oussama A., le 10e accusé du procès des attentats de Bruxelles, est jugé en son absence par la cour d’assises de Bruxelles.
«Il va y avoir un drame»
Surnommé «l’homme au chapeau», Mohamed A., un Belgo-Marocain de 38 ans, avait renoncé au dernier moment à participer aux attentats du 13-Novembre à Paris en revenant à Bruxelles la veille des attaques. Il avait également renoncé au dernier moment à faire exploser sa bombe à l’aéroport de Bruxelles, laissant Najim L. et Ibrahim E. se faire exploser sans lui.
Lors de son interrogatoire, il a raconté qu’Ibrahim E. disposait de deux bombes, l’une composée de 30 kg d’explosifs et une autre de 20 kg dans un sac à dos quand il s’est rendu à l’aéroport de Bruxelles. L’accusé, qui transportait lui même 20 kg d’explosifs, a raconté qu’il avait renoncé à déclencher sa bombe en voyant «des femmes et des enfants» dans la file d’attente où il devait passer à l’action. «Je suis d’accord pour certaines choses, pas pour d’autres. Je sais qu’il va y avoir un drame», a-t-il expliqué.
Il quitte l’aéroport en évoquant «le stress»
Il a précisé qu’il savait que deux attentats devaient se produire à Bruxelles, mais qu’il ignorait où aurait lieu le second. Il a également reconnu avoir quitté l’aéroport sans désamorcer sa bombe en évoquant «le stress» et «la peur».
«De quoi aviez-vous peur? Pour votre vie ou de vous faire arrêter», lui demande la présidente de la cour Laurence Massart. «C’est un mélange de tout et bien plus que ça», répond Mohamed A. Le double attentat islamiste de Bruxelles, à l’aéroport et dans le métro, a causé la mort de 32 personnes et fait plus de 300 blessés.
Brièvement interrogé, Salah Abdeslam a soutenu qu’après sa fuite de Paris le 13 novembre 2015, il n’était pas revenu à Bruxelles «pour participer à quoi que ce soit», dont les attentats du 22-Mars. Après une première journée d’interrogatoire consacrée à la personnalité des neuf accusés présents, la cour d’assises de Bruxelles a entamé jeudi un «interrogatoire croisé» des accusés sur les faits. Cet interrogatoire est prévu sur deux semaines.