FootballSion champion de Suisse des montagnes valaisannes
On condamne les Valaisans? Ils se relèvent. On les croit en progrès? Ils rechutent. Battus 2-0 à Lugano, le club de Tourbillon n’en finit pas de faire le grand écart émotionnel.
- par
- Nicolas Jacquier
Lorsqu’il s’agit de se pencher sur le cas du FC Sion, tout devient trop vite flou, sans réel fil rouge ni ligne de vie auquel s’accrocher quand les événements ne tournent pas en sa faveur, ce qui se produit très régulièrement. D’ailleurs dans ce grand tourbillon de désolation, de quoi faut-il désespérer le plus après ce nouveau coup d’arrêt? De son incapacité manifeste à enchaîner deux performances correctes, ce qui le condamne à faire du yoyo? Ou de son art consommé à ne pas répondre présent, à l’image de ce dimanche après-midi tessinois que ses joueurs ont traversé en pères peinards, trop peu convaincus de la nécessité de se faire violence.
Quand on se plait à revendiquer la naissance d’un nouvel état d’esprit, on le démontre. Ce qui suppose d’afficher autre chose qu’une solidarité de pacotille. Il n’y a certes pas eu de tricheur mais il n’y a pas eu de leader non plus. Où d’aucuns pensaient le FC Sion de Tramezzani sur le point de changer de dimension - en lorgnant vers la première partie de tableau d’une hiérarchie au demeurant fort instable - , la réalité et un excellent FC Lugano se sont chargés de placer les Valaisans devant leurs contradictions actuelles.
Bottani n’est pas valaisan
Au Cornaredo, il y avait d’un côté une équipe joueuse, portée par des individualités capables de faire la différence - Bottani et Sabbatini n’ont pas leurs pendants dans les rangs valaisans – et de l’autre, une formation ne sachant pas à quoi s’accrocher, avec un ballon prisonnier du hasard.
Baltazar suspendu, il ne s’est trouvé personne pour assurer le relais et mettre en valeur des éléments offensifs livrés à eux-mêmes. Depuis le coup d’envoi du championnat, il ne fait pas bon être attaquant au FC Sion. Tramezzani ayant dorénavant tranché, tout repose sur Filip Stojilkovic, auquel était associé au sud des Alpes Théo Berdayes. L’évidente bonne volonté du duo ne suffit pas à compenser sa légèreté.
Karlen condamné à jouer les utilités
Dans le jeu valaisan, qu’en est-il des autres atouts? Le convalescent Guillaume Hoarau, qui a réintégré le groupe en fin de semaine passée, prépare son retour, le revenant Giovanni Sio (à court de compétition) n’a pas encore été jugé apte à revendiquer une place tandis que Gaëtan Karlen, sur lequel devait pourtant reposer le Sion du futur, se contente de jouer les utilités, victime autant d’un entraîneur qui ne croit pas en lui que d’un langage corporel qui le dessert.
Voilà qui fait beaucoup de points d’interrogations et bien peu de réponses. Pour Sion, les seules bonnes nouvelles du week-end sont venues des magistrales «déculottées» du FC Lucerne et de Saint-Gall, auxquelles on associera le but égalisateur de Kasami permettant de laisser Lausanne à distance encore respectable. Dans un exercice promis à toutes les circonvolutions et sans favori déclaré au-dessus du lot, n’y aurait-il pas mieux à faire que de se préoccuper des autres?
Priorité aux points avant Noël
Bloqués à la septième place, les Valaisans ont laissé filer l’occasion de s’offrir une fin d’année plus sereine. Alors qu’on les estimait sur la voie ascendante, voilà qu’ils ont à nouveau dévissé, abandonnant tout le bénéfice accumulé jusque ici. Christian Constantin, leur président, n’a jamais fait mystère que seuls les points comptaient avant Noël (c’est d’ailleurs ce qu’il a exigé de son coach) et qu’il sera ensuite bien assez tôt de se pencher sur la manière. On peut légitimement s’interroger si la quête du beau jeu ne favoriserait pas celle des résultats plutôt que l’inverse.
Faute de dénominateur commun, Sion se retrouve face au vide qu’il s’est lui-même créé. A trop s’égarer d’une ligne de conduite mal définie, ses joueurs en viennent à se saborder. Ce qui revient à se demander ce qui lie le FC Sion à ceux qui défendent son honneur avec une réussite inégale. Au moment où Lugano, emmené par les Custodio, Facchinetti, Lavanchy et autre Ziegler, peut se targuer d’être la meilleur équipe romande, le bilan du successeur de Marco Walker s’avère franchement insuffisant (7 matches/9 points).
Depuis son retour en Valais, Paolo Tramezzani a cru bien faire en instaurant la cérémonie du cercle, rassemblant juste avant le coup d’envoi joueurs, remplaçants, coach et membres du staff dans une figure géométrique sensée symboliser l’unité collective.
Pour y trouver du sens, il serait bon d’agrandir le cercle des footballeurs disparus aux frontières du terrain pour y joindre les actes à la parole.
Dans une semaine, Sion, roi de la constance dans l’irrégularité, se déplacera à Berne pour y affronter un YB qu’il n’a plus battu en championnat depuis vingt-cinq ans. Plutôt que de redouter ce déplacement, on en vient à se dire que c’est même une bonne chose, offrant l’occasion de scier un marronnier sur les branches duquel sont assis les héros valaisans de 1996. Coach à l’époque, Alberto Bigon attend toujours son successeur…