JO 2022Simon Ammann dans l’histoire: «Ça n'a jamais été mon but»
Le St-Gallois de 40 ans va devenir, samedi près de Pékin, le premier Suisse avec sept JO au compteur. Un record qui le laisse de marbre.
- par
- Robin Carrel Zhangjiakou
En Suisse, une cavalière a participé à six Jeux olympiques. Il s'agit de Christine Stückelberger, lors des années 1972, 1976, 1984, 1988, 1996 et 2002. Derrière, l'Helvétie a envoyé cinq fois aux Jeux le hockeyeur Andres Ambühl (de 2006 à 2022), le cavalier Steve Guerdat (de 2004 à 2021), le cycliste sur piste Bruno Risi (1988, 1996, 2000, 2004 et 2008), la tireuse Gaby Bühlmann (de 1988 à 2004), les cavaliers Markus Fuchs (de 1988 à 2004), Henri Chammartin (de 1952 à 1968) et Gustav Fischer (de 1952 à 1968), le skieur Paul Accola (de 1988 à 2002), ainsi que les athlètes Urs Von Wartburg (de 1960 à 1976) et Paul Martin (de 1920 à 1936).
Samedi, tout ce beau monde sera dominé par une légende: Simon Ammann, le quadruple champion olympique - un record là aussi, à égalité avec le fondeur Dario Cologna (2010, 2014 et 2018) et le gymnaste Georges Miez (1928 et 1936) - débutera ses septièmes Jeux olympiques. De quoi l'inclure définitivement dans les livres d'histoire de son pays. Le sauteur du Toggenburg ne se mêlera pas à la course aux médailles - son dernier podium date de quatre ans, sa dernière victoire de huit -, mais ce n'est pas là la principale motivation du champion, qui aime plus prendre la voie des airs que toute autre chose sur terre.
D'ailleurs, il l'a dit lui-même ce jeudi, lors de la conférence de presse précédant son entrée en lice pour les qualifications au concours sur le petit tremplin, il s'en fiche un peu, de ce record. Il ne veut même pas se projeter dans deux semaines, quand on lui a demandé ce qui le rendrait heureux à la fin de ces JO. Non, le Simon Ammann de 2022 est un homme qui a le luxe de faire ce qu'il aime et ça lui convient très bien ainsi: «Ça ne change pas grand-chose, ce record. Ça n'a jamais été mon but. Il y a du boulot à faire et je n'ai pas envie de penser à autre chose pour le moment. Jusqu'à mon dernier saut, je ne sais pas quand ce sera, je resterai à fond là-dedans. Il y a là de magnifiques JO à faire.»
«J'aime mon sport, a continué le principal intéressé. Ça a été la même difficulté toute ma vie. Parfois ça marche, des fois c'est difficile... Aujourd'hui, j'essaie d'être prêt comme j'ai toujours essayé de le faire dans ma carrière. Il y a des choses différentes par rapport à quand j'ai commencé, forcément. Je n'ai plus la possibilité de sauter autant que quand j'étais jeune. Mon corps est un peu plus vieux... Cette année, j'ai pu travailler avec plus de patience. Ca m'aide de bosser avec des attentes, quand je sens que mon corps et mes jambes travaillent bien. C'a toujours été mon but.»
Même quarantenaire, il n'a pas changé, à l'heure de l'interview. Il veut trouver les mots justes et peut partir sur une toute autre route que la question posée lui avait tracée. «Il faut être un peu fou quand même pour participer à sept Jeux olympiques, a souri son collègue et compatriote Killian Peier. On sent qu'il a toujours cette envie de se faire plaisir au tremplin. Il a aussi une certaine routine, disons... Je trouve que c'est assez cool d'avoir un personnage comme ça, avec nous.» Personnage, le mot est tellement juste. Et il est gravé à jamais dans le cœur des Suisses.
Pour ces Jeux, Simon Ammann a fait les choses bien. Il est venu très tôt en Chine, histoire de s'acclimater à des conditions qui s'annoncent particulières. Il avait une folle envie de découvrir l'endroit. De voir quelque chose de nouveau. Il a été servi. Mais maintenant, place aux choses sérieuses. «Je dois bien visualiser avant d'aller sur les tremplins et ne pas me laisser surprendre. Ça me permet d'éviter la nervosité. On aura des sauts d'entraînement, il y aura aussi les qualifications et il faudra penser à rester frais tout de même. Ne surtout pas en faire trop. Le truc c'est de rester cool», a-t-il assuré.
«Je me réjouis énormément de ces tremplins. C'est un privilège d'être ici encore une fois. Pékin, Zhangjiakou, c'est super. Il fait beau. Je suis heureux. La chambre, la nourriture, c'est génial. Tout ça est bien plus important que n'importe quel record.»
Quand on a gardé une telle capacité d'émerveillement, c'est que la tête est bien plus jeune que les jambes de quarantenaire. Simon Ammann n'est peut-être plus notre «Harry Potter national», mais clairement une belle évolution de celui-ci.