FranceAlisha, 14 ans, harcelée, frappée puis jetée dans la Seine
Deux adolescents sont jugés à partir de lundi par le tribunal pour enfants de Pontoise pour l’assassinat d’une jeune fille en mars 2021.
Ils encourent jusqu’à vingt ans de prison. Âgés de 15 ans au moment des faits, le garçon et la fille mis en cause dans l’affaire Alisha comparaîtront de lundi à jeudi à huis clos à Pontoise (près de Paris). L’adolescente de 14 ans est morte noyée dans la Seine le 8 mars 2021 après avoir été violemment frappée par deux de ses camarades. Ceux-ci la harcelaient depuis la diffusion sur Snapchat de photos d’elle en sous-vêtements quelques jours plus tôt.
L’affaire avait suscité une vive émotion dans tout le pays et remis en lumière le fléau du harcèlement sur les réseaux sociaux. Ce jour-là, Alisha avait retrouvé une fille de sa classe au pied des piliers du viaduc de l’autoroute A15 qui enjambe la Seine. Quelques minutes plus tard, un garçon s’était approché de la victime et lui «aurait donné par surprise des coups au visage, lui aurait tiré les cheveux et lui aurait fait une balayette la faisant tomber au sol», avait détaillé le procureur. Cherchant à «faire disparaître les traces des violences qu’ils avaient commises», les deux mineurs ont alors attrapé la victime pour la jeter dans la Seine.
«Futilités»
Quand le couple était rentré au domicile du jeune homme, celui-ci, les vêtements couverts de sang, avait rapporté les faits à sa mère, qui avait prévenu la police. Les deux adolescents s’étaient changés et «n’avaient pas montré d’expression de panique», selon l’enquête. Ils avaient rapidement quitté le domicile et s’étaient rendus à Paris pour y manger, avant d’aller chez un ami qui ne sera pas mis au courant du drame.
Quand ils se sont rencontrés à la rentrée de septembre 2020 au lycée professionnel Cognacq-Jay, les trois adolescents ont vite sympathisé. Puis leurs relations se sont dégradées, entre amourettes et «futilités» adolescentes, selon le parquet. En février 2021, Alisha se fait pirater son téléphone et des photos d’elle en sous-vêtements sont diffusées sur le réseau social Snapchat. La jeune fille se fait «fisha» (affichée) dans son lycée, une forme de «revenge porn» version adolescente.
À cet épisode s’ajoutent une bagarre entre les deux jeunes filles et la colère du jeune homme, qui ruminait l’affront d’une insulte à l’encontre de son père décédé. Les choses se sont envenimées au point que l’établissement a exclu les deux mineurs pour le harcèlement de la victime. Ces «futilités» auraient justifié l’envie de s’en prendre à la collégienne, selon des SMS échangés entre les deux protagonistes versés au dossier.
Ces derniers sont en détention provisoire depuis un an. Quelques jours après ce drame, plus de 2000 personnes avaient participé à une marche blanche pour rendre hommage à la jeune fille aux cheveux de jais et lunettes fines. Elle «était très sérieuse à l’école», «formidable, serviable» et se rêvait «expert-comptable», avait confié sa mère.