Football: Servette n’est pas encore à la hauteur de toutes ses ambitions

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FootballServette n’est pas encore à la hauteur de toutes ses ambitions

La défaite 1-0 à Lugano n’a rien de dramatique, mais elle rappelle qu’il y a des domaines dans lesquels les Grenat doivent progresser. Et peut-être revoir certaines approches.

Valentin Schnorhk Lugano
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Valentin Schnorhk Lugano

Ce n’est que la deuxième défaite de la saison pour Servette. Et en ce sens, s’incliner 1-0 à Lugano, où les Grenat ont toujours ou presque de la peine, n’a rien de dramatique. Pas de quoi remettre en cause l’excellent début de saison genevois.

À l’instar de Miroslav Stevanovic, les Servettiens peuvent être déçus par la prestation rendue au Cornaredo.

À l’instar de Miroslav Stevanovic, les Servettiens peuvent être déçus par la prestation rendue au Cornaredo.

BASTIEN GALLAY / LPS

En revanche, il permet de poser certaines questions sur ce que les Servettiens sont capables de produire et d’appliquer à l’heure actuelle. L’ambition d’un bloc haut par séquences n’est pas encore aboutie. Pas plus qu’un contrôle du ballon prolongé. La marge de progression se situe probablement sur ces axes-là.


Les trois enseignements

  • En perdant à Lugano, Servette n’a pas le devoir de se remettre en question, mais surtout de se rappeler que son premier tour était jusque-là plutôt bien payé. Il y a donc une forme de retour à la normale pour les Grenat, qui affichent un bilan très positif après avoir affronté toutes les équipes du pays. 17 points, cela reste la meilleure séquence genevoise depuis le retour en Super League.

  • L’appétit vient en mangeant, mais Servette n’a-t-il pas les yeux plus gros que le ventre? Dimanche, la volonté d’être protagoniste s’est heurtée aux réelles capacités servettiennes: une certaine difficulté à étouffer avec et sans ballon son adversaire sur la longueur, malgré toutes les bonnes intentions du début de match. Les Grenat se sont alors retrouvés à devoir courir après le score. Et ce n’est peut-être pas ce qui leur convenait le mieux.

  • C’était un choix qui n’allait pas de soi. Et on a compris pourquoi. Utiliser Timothé Cognat en tant que milieu défensif est à contre-emploi. Son volume de jeu y est limité, il n’a pas la même application à protéger sa défense que Douline et Servette ne profite pas de son impact dans le dernier tiers. Cela laisse forcément un regret.


Le Servettien qu’il faut (re)voir: Dereck Kutesa

BASTIEN GALLAY / LPS

Difficile de sortir un Servettien au-dessus du lot dimanche. En revanche, il y a ceux qui ont allumé des mèches, mais qui ont manqué de quelque chose à chaque fois, que ce soit au moment de l’avant-dernière passe, de la dernière passe ou de la finition. Antunes, Pflücke, Rodelin ou Stevanovic ont été impliqués dans les séquences offensives.

Dereck Kutesa aussi, après être entré à la pause. C’est de son côté que sont parties la plupart des situations genevoises en seconde période. Parce que l’ancien Rémois a le profil de celui qui provoque, qui cherche à créer le déséquilibre. Il ne réussit pas tout, mais il essaie beaucoup. Il a tenté cinq des onze dribbles dans lesquels Servette s’est engagé dimanche.

Revenu il y a maintenant plus d’un mois à Genève, il est sans doute temps pour Servette et Geiger de lui trouver une place dans le plan de jeu grenat.


Le malheureux: Enzo Crivelli

BASTIEN GALLAY / LPS

Entré à la 56e minute, le Français a jeté l’éponge moins de dix minutes plus tard. Une légère blessure à la cuisse l’a arrêté net. Ce devrait être d’une gravité moindre, heureusement. Peut-être de quoi relativiser les attentes: Enzo Crivelli est-il vraiment prêt physiquement, lui qui a très peu joué durant la dernière année?

Servette sait qu’il a un attaquant intéressant, qu’il peut exploiter dans un registre un peu différent de celui dans lequel il utilise Rodelin. Mais il faudra peut-être faire preuve d’un peu de patience avant de véritablement pouvoir l’utiliser sur la longueur.


La décla’

«Le positionnement de Timothé Cognat n’était pas le problème. Il a été formé à ce poste et y a déjà joué.»

Alain Geiger, entraîneur de Servette

Le fait tactique

Où Servette a-t-il perdu ce match? Peut-être bien dans son comportement sans le ballon, une fois le début de rencontre passé. L’intention de bloc haut était louable et s’accompagnait d’une orientation au marquage très individuelle à mi-terrain. Pertinent pour faire sentir la pression.

En revanche, une fois plus bas dans le terrain, difficile de maintenir cette idée sans accorder des espaces. Les Grenat l’ont payé sur le seul but du match, où le mouvement des milieux luganais a suffi à créer d’énormes brèches. De quoi donner du temps à Jonathan Sabbatini pour armer sa frappe.


La statistique

65, comme le nombre de ballons touchés par Timothé Cognat dimanche. Une seule fois seulement, contre Sion à la 2e journée, il avait été autant sollicité. Signe sans doute qu’il a été un acteur important lorsqu’il a fallu faire avancer le jeu. D’ailleurs, sa heatmap raconte une activité avec ballon très concentrée dans son propre camp, relativement à ce qu’il fait depuis le début de saison.

La carte de chaleur de Timothé Cognat à Lugano dimanche, où son activité s’est notamment concentrée avant la médiane.

La carte de chaleur de Timothé Cognat à Lugano dimanche, où son activité s’est notamment concentrée avant la médiane.

Sofascore

Logique, vu le poste auquel il a été aligné dimanche. Mais c’est tout ce que Servette perd plus haut dans le terrain. Il n’a ainsi effectué qu’une seule passe vers la surface. Et cet impact-là est difficilement remplaçable, en l’état.


Une question pour penser l’avenir

BASTIEN GALLAY / LPS

Est-ce le moment pour Alain Geiger d’explorer d’autres formules que cette attaque à trois Stevanovic-Rodelin-Pflücke intouchable depuis la blessure de Chris Bédia?

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