CaniculeLa quasi-totalité de la France est en état d’alerte sécheresse
Les arrêtés préfectoraux se multiplient dans l’Hexagone pour limiter l’usage de l’eau en période de chaleurs intenses. Sur les 96 départements du pays, 90 sont concernés.
Jour après jour, la longue liste des restrictions s’allonge: la quasi-totalité de la France métropolitaine, 90 départements sur 96, est désormais placée en état d’alerte sécheresse à des degrés divers. Seuls l’Aisne, l’Ariège, la Corrèze, les Hauts-de-Seine, Paris et la Seine-Saint-Denis ne sont pas concernés, lundi, par au moins un arrêté préfectoral limitant certains usages de l’eau, selon le site de l’information sécheresse du gouvernement Propluvia.
La carte de Propluvia résume les différents niveaux d’alerte vire au rouge dans une bonne partie de l’ouest du bassin de la Loire – Indre, Loire-Atlantique, Mayenne, Sarthe, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne… – mais aussi dans la Drôme, l’intérieur du Var, le Lot et le sud-est du Val-de-Marne. Ces zones sont jugées en crise. Seuls les prélèvements d’eau permettant d’assurer l’exercice des usages prioritaires y sont autorisés, pour la santé, la sécurité civile, l’approvisionnement en eau potable et la salubrité, les prélèvements à des fins agricoles étant proscrits.
L’alerte est renforcée dans des zones aussi diverses que le Finistère, le massif des Vosges, celui du Jura, le flanc occidental des Alpes; la Creuse, l’Aveyron, le Vaucluse, la Haute-Corse… Les prélèvements à des fins agricoles y sont réduits d’au moins 50% et ceux pour l’arrosage des jardins, les espaces verts, les golfs et le lavage des voitures y sont limités ou interdits.
La décision de limiter l’eau revient au préfet
Sur le terrain, les préfectures réunissent des comités «ressource en eau» composés des parties prenantes pour établir un état des lieux de la situation hydrologique du département: météorologique, état des rivières, état des nappes, besoins en eau des cultures, besoins des particuliers en eau potable, conséquences sur les milieux aquatiques… La décision de mettre en place, sur une période limitée dans le temps, des mesures de restriction d’usage de l’eau revient aux préfets.
L’agriculture souffre elle aussi dans des zones a priori épargnées par le manque d’eau. «Les résultats vont être mauvais, voire très mauvais, parce que (les cultures) ont pris de plein fouet la sécheresse et les températures excessives», témoigne Vincent Guyot, agriculteur à Étaves-et-Bocquiaux, dans le nord de la France, qui doit faire les moissons de céréales de plus en plus tôt dans l’année.
Le débit du Rhin est particulièrement faible
«Au 1er juillet, le taux de remplissage global de nos réserves en eau à l’échelle nationale est de 60%, contre 72% au 1er juin 2022, et une moyenne de 80% à la même date sur les dix dernières années», indiquent les Voies navigables de France (VNF), un établissement public qui gère 6700 km de fleuves, rivières et canaux.
Un débit d’eau à valeur réglementaire, appelé «débit réservé» et fixé par les services de l’État, est maintenu en permanence, afin de préserver la continuité écologique et notamment la vie aquatique. Si la quantité d’eau disponible dans le cours d’eau est inférieure ou égale à cette valeur, les prélèvements sont stoppés et la navigation peut être arrêtée, explique VNF, selon qui le débit du Rhin, par exemple, est «particulièrement faible».
La navigation est ainsi interrompue sur une partie du canal de Bourgogne et dans la région de Nancy. Des regroupements de bateaux sont souvent nécessaires pour limiter la consommation d’eau.