Hockey sur glace - Léchenne: «On a été un peu surpris par la décision du HC Ajoie»

Vincent Léchenne au HC Ajoie, c’était un long chapitre de plus de douze ans. En 2009, le technicien jurassien entrait par la petite porte en prenant les rênes des M20 du club jurassien. Cinq ans plus tard, l’histoire allait toutefois prendre une autre tournure avec l’arrivée de Gary Sheehan à la bande ajoulote.

Complémentaires, les deux hommes allaient faire basculer le club dans une autre dimension. «On s’entend bien avec Gary, que ce soit humainement ou professionnellement, confirme Vincent Léchenne. Les résultats ont également prouvé qu’il s’agissait d’un duo à succès. Ce serait bien qu’un nouveau club nous donne l’opportunité de le recréer. Si on a cette chance avec Gary, on aimerait poursuivre l’aventure ensemble. Où et quand, c’est une autre histoire.»

Car, depuis lundi et le communiqué du HC Ajoie, les deux hommes sont libres. Ils n’ont pas survécu aux 18 défaites d'affilée concédées en championnat par le néo-promu. Mais l’essentiel est ailleurs pour celui qui portait les casquettes de coach assistant et de directeur technique.

«On a fêté trois titres (ndlr: champions de Swiss League en 2016 et 2021), dont la Coupe de Suisse en 2020, et une promotion, rappelle-t-il. Au cours d’une carrière, certains sportifs ou dirigeants n’auront jamais la chance de vivre de tels moments. On a beaucoup travaillé pour y parvenir, mais ça reste une chance. C’est extraordinaire d’avoir pu vivre autant de moments forts en huit ans.»

Sous la houlette de Gary Sheehan, bien épaulé par Vincent Léchenne, le HCA a assurément marqué les esprits et vécu des émotions intenses au cours des dernières saisons. Après les nombreux moments de joie, le duo a dû faire face, lundi, à des sentiments nouveaux. Bien moins réjouissants, en l'occurrence. Ceux de la déception et de la désillusion après s’être fait congédier par le club jurassien.

«Avec Gary, on a quand même été un peu surpris par cette décision, concède le technicien de 55 ans. On pensait pouvoir finir la saison, même s’il est vrai que les résultats ne suivaient pas et que la situation était difficile, que ce soit pour l’équipe ou pour Gary et moi. La nouvelle n’a évidemment pas été facile à accueillir, mais on ne peut que l’accepter. On revenait plus ou moins d’une semaine de vacances lorsque le comité directeur et Julien (ndlr: Vauclair) nous ont convoqués.»

Malgré les résultats compliqués – six victoires et 18 points récoltés en 41 sorties – du HC Ajoie depuis le début de l’exercice, les dirigeants jurassiens ont-ils manqué de reconnaissance envers les deux hommes forts de ces dernières saisons?

«C’est toujours compliqué à dire, nuance Vincent Léchenne. Je tiens à remercier le club pour toutes ces années. J’espère qu’il va continuer à progresser et réussir à s’installer en National League. Il ne faut pas être aigri. Je ne veux pas l’être et je ne le serai pas. On m’a donné la chance d’effectuer le travail que j’aime durant douze ans. Il n’y en a pas beaucoup qui tiennent autant longtemps.»

S’il ne souhaite pas polémiquer sur la décision de ses désormais ex-dirigeants – et c’est tout à son honneur –, Vincent Léchenne reconnaît, par contre, volontiers que des erreurs ont été commises à tous les étages. «On s’attendait à vivre une saison compliquée, mais je pense qu’on a sous-estimé le niveau de la National League, concède le natif de Glovelier. Certaines équipes possèdent cinq étrangers, plusieurs joueurs internationaux… Il y a un grand décalage avec le HC Ajoie.»

Aujourd’hui, le club néo-promu paie les choix actés durant l’intersaison. «Au mois d’août, on avait décidé de ne pas faire de dépenses superflues, poursuit Vincent Léchenne. On voulait poursuivre avec la même équipe, en donnant la chance à des joueurs qui n’ont jamais tâté la National League. On leur a donné cette possibilité. Malheureusement, certains d’entre-eux ont joué avec un piano sur le dos. Je ne sais pas si c’est en raison de la pression ou d’un manque de niveau, mais on s’attendait à plus.»

Une stratégie alors validée par le comité directeur et les sponsors, lesquels ont fini par perdre patience au fil des matches et des résultats négatifs. Peu – pour ne pas dire personne – aurait toutefois fait mieux que Gary Sheehan et Vincent Léchenne au regard de l’effectif à leur disposition.

«Ce n’était pas une mission suicide, mais on était conscients qu’il s’agissait d’une mission très compliquée, confirme le coach assistant.  Ça a été difficile de monter une équipe avec le peu de joueurs présents sur le marché. On a d'ailleurs fait en trois-quatre mois ce que certaines équipes ont réalisé en deux-trois ans. Puis il y a eu tellement de paramètres négatifs – les nombreuses blessures, la situation des étrangers et des gardiens – au cours de cette saison… On avait le vent en pleine face depuis 41 matches.»

L’arrivée de Julien Vauclair au poste de directeur sportif le 19 janvier dernier doit permettre au club – qui aurait fait passer son budget de 7 à 10 millions – de se professionnaliser encore davantage. Si le timing peut poser question, l’engagement était, lui, indispensable.

«Si le club voulait grandir, il était normal à mes yeux qu’il se renforce avec une personne comme Julien, explique Vincent Léchenne. Son arrivée n’a pas précipité mon départ. On avait de bonnes relations. Je lui souhaite d’ailleurs bon courage et qu’il ait autant de succès que ce qu’on a pu connaître avec Gary.»

Une chose est sûre, le nouvel homme fort de Porrentruy a du pain sur la planche en vue de la saison prochaine qui marquera le retour de la relégation. Dans l’immédiat, Julien Vauclair doit désigner un nouvel entraîneur. Ce dernier ne se nommera pas Serge Pelletier, qui s’est engagé mardi avec les Augsburger Panthers en DEL.