Retraites: Manifestations émaillées de tensions partout en France

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RetraitesManifestations émaillées de tensions partout en France

La rue s’enflamme après le rejet de la motion de censure contre le gouvernement et l’adoption de la réforme des retraites contestée.

Des flammes s’élèvent devant l’Opéra Garnier dans la nuit du 20 au 21 mars 2023.

Des flammes s’élèvent devant l’Opéra Garnier dans la nuit du 20 au 21 mars 2023.

AFP

Poubelles renversées et brûlées, barricades, jets de projectiles sur les forces de l’ordre, fumigènes: l’adoption lundi de la réforme des retraites après le rejet de la motion de censure a provoqué de nombreuses manifestations émaillées d’incidents dans toute la France, ont constaté des journalistes de l’AFP.

À Paris, quelques centaines de personnes, rejointes par des députés de la France Insoumise (LFI), se sont d’abord rassemblées, non loin de l’Assemblée nationale, Place Vauban (VIIe arrondissement), avant d’être canalisées par les forces de l’ordre.

Puis, des feux de poubelles et affrontements avec les forces de l’ordre ont été repérés dans le quartier de la gare Saint-Lazare (IXe), autour de la place de l’Opéra, où de nombreux cars de CRS étaient stationnés. Un cortège a ensuite arpenté les rues en renversant des poubelles, suivi par les policiers de la BRAV-M à moto, tandis que d’autres étaient au Châtelet, non loin de l’Hôtel de Ville. Peu avant 23 h 30, 142 personnes avaient été interpellées à Paris, selon une source policière.

Renversant sur leur passage trottinettes électriques et vélos, ou mettant le feu à des poubelles, les manifestants ne cherchaient pas la confrontation avec les forces de l’ordre, selon les journalistes de l’AFP sur place, mais plutôt à se livrer au jeu du chat et de la souris. Les forces de l’ordre ont utilisé à plusieurs reprises des gaz lacrymogènes.

«On entend que les jeunes ne sont pas mobilisés. Nous voilà. C’est pour les retraites et pour le reste. C’est un tout, une accumulation», a expliqué à l’AFP une étudiante désirant rester anonyme, la manifestation n’étant pas déclarée.

Vers 23 h 00, la situation s’est tendue brièvement place de la Bastille et dans les rues adjacentes avec des barricades improvisées de poubelles et de palettes de bois enflammées, mais pas de vitrines, ni d’abribus caillassés. «On est là, on est là, la rue est à nous», scandaient les manifestants.

«Ça va péter»

Les mêmes scènes se sont reproduites dans plusieurs grandes villes de France, comme à Strasbourg, où un gros millier de manifestants se sont d’abord rassemblés place Kléber, en plein centre-ville, sifflant et huant le rejet de la motion de censure avant d’allumer des fumigènes et de scander «nous aussi on va passer en force». Certains manifestants ont ensuite commis des dégradations: façade de banque caillassée, poubelles incendiées, panneaux publicitaires brisés…

«Mon état d’esprit c’est un dégoût infini, c’est un déni de démocratie dans la forme, sur le fond», a déclaré Giampiero Russo, prof de sciences économiques et sociales à Strasbourg, avant que le cortège se mette en route.

À Dijon, environ 200 personnes ont manifesté, certains, masqués et souvent encagoulés, scandant: «on déteste la police». La manifestation a été dispersée vers 21 h 00 et la police a procédé à deux interpellations.

À Lyon, environ 500 manifestants, dont beaucoup de jeunes, se sont rassemblés vers 20 h 30 place Guichard dans le 3e arrondissement et s’en sont pris aux forces de l’ordre avec des jets de projectiles, avant de se disperser en plusieurs groupes dans différents quartiers. La préfecture a fait état de six interpellations et un blessé léger parmi les policiers. À Saint-Étienne, la préfecture a recensé quatre interpellations et trois policiers blessés.

Les manifestants étaient plusieurs centaines à Lille devant la préfecture, où ils ont sifflé et hué en apprenant le rejet de la motion de censure. «Ça va péter», ont-ils scandé, «Louis XVI on l’a décapité, Macron on va recommencer». «On s’y attendait mais on est déçus, en colère», souligne Emma Maes, une Lilloise de 26 ans, tout en soulignant que «la mobilisation n’est pas finie» et en évoquant l’espoir d’un référendum d’initiative populaire.

À Nantes la manifestation, qui a débuté dans le calme vers 18 h 00, s’est tendue en milieu de soirée, et des bouteilles ont été jetées sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogènes. Même tension à Rennes, déjà secouée par de violentes manifestations ces dernières semaines. Plusieurs centaines de jeunes -entre 300 et 500 selon la préfecture-, ont défilé dans le centre-ville aux cris notamment de «49.3 on n’en veut pas», et des barricades improvisées ont été incendiées.

D’autres rassemblements ont eu lieu à Bordeaux, Limoges, Poitiers, ou encore à Rouen ou Brest.

(AFP)

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