Payerne (VD)Le double assassin de Payerne condamné à la prison à vie
La Cour a estimé que les faits d’avril 2018, soit l’exécution de la femme et du fils de l’accusé, étaient particulièrement odieux et que le meurtrier avait préparé son acte.
- par
- Pauline Rumpf
Tiago* avait tiré une trentaine de balles sur son épouse et un de ses fils en avril 2018. Après deux journées de procès durant lesquelles le Tribunal criminel du Nord Vaudois, écoutant des témoins ainsi que les plaidoiries de la défense et le réquisitoire de la procureure, a tenté de reconstituer les évènements ayant amené à ce drame, il a jugé qu’il s’était rendu coupable d’assassinat. Il écope d’une peine privative de liberté à vie, la peine la plus lourde du code pénal. Le président a précisé que si la Cour n’avait eu à juger qu’un seul des deux assassinats, elle aurait prononcé la même peine. S’il devait être libéré un jour, la prison à vie n’étant pas irrémédiable en Suisse, il serait alors également expulsé vers le Portugal pour 15 ans. Ses avocats ont déjà annoncé leur intention de faire appel.
Suivant l’acte d’accusation de la procureure, la Cour a estimé qu’en s’acharnant sur ses victimes, en les criblant de balles, Tiago a fait preuve d’une façon d’agir particulièrement odieuse. Elle a jugé que son arme prête au tir démontrait la préméditation froide de son acte, et que son mobile était égoïste, puisqu’il s’agit selon les juges de la colère d’un homme qui se voit perdre un statut de chef de famille, qui perd le contrôle sur ses enfants. Tiago a également fait preuve de froideur, en témoignent notamment les trois mouvements de charge successifs, et la succession de coups de feu, d’abord sur son fils, puis sur sa femme, puis à nouveau sur son fils.
«L’intensité des circonstances est peu commune», a asséné le président Donovan Tesaury, qui a par ailleurs relevé l’absence de remords et le peu d’éléments à décharge du condamné. Seule son enfance traumatisante a été retenue, même si «l’auteur avait déjà 50 ans au moment de son acte.» «Il disait être prêt à mourir pour ses enfants, à leur donner son sang. En réalité, il a ôté la vie de l’un d’eux, et privé le second de sa mère», a-t-il ajouté.
Prévenu estimé «peu crédible»
Les juges ont rappelé la divergence de récits entre les audiences préliminaires et le procès. Tiago a notamment nié toute violence physique au sein de sa famille, tant avec sa femme qu’avec son fils défunt, admettant tout au plus des bousculades. Cela semble pourtant incompatible avec tant ses déclarations passées que celles de plusieurs témoins, y compris ses propres fils, et des messages WhatsApp mentionnés par le président de la Cour. La victime avait par exemple raconté à une de ses amies, entendue durant l’instruction, que les choses s’étaient empirées depuis la séparation car Tiago ne l’acceptait pas: «je suis sa chose», avait-elle rapporté. La grande variabilité des versions défendues par l’accusé ont donc poussé la Cour à estimer ses explications «peu fiables».
Par conséquent, cette dernière a également balayé les explications de Tiago et de ses avocats, qui divergeaient également de l’acte d’accusation du Ministère public sur la question du déroulement du premier coup de feu. Pour les juges, il est par exemple improbable que ce tireur professionnel et méticuleux ait laissé son Glock dans son coffre pendant des semaines, ou qu’il l’ait emporté juste pour se donner du courage. «On ne discerne pas pourquoi il se serait muni d’une arme et d’un chargeur si ce n’est pour en faire usage, a asséné le Président Donovan Tesaury. On estime donc qu’il était déterminé à passer à l’acte.»
*Prénom d’emprunt
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