Cinéma«Wakanda Forever»? Une fois suffit, merci
La suite donnée à «Black Panther» par Marvel a dû composer avec le décès tragique de Chadwick Boseman. Cela n’explique pas tout.
- par
- Jean-Charles Canet
Sorti, en 2018, «Black Panther» offrait au personnage découvert dans «Captain America – Civil War», deux ans plus tôt, un film dédié et le rôle principal au prince T’Challa, monarque du royaume africain fictif du Wakanda. Le succès commercial, doublé d’un accueil critique généralement favorable, a très vite permis la mise sur les rails d’une suite qui débarque ce mercredi 8 novembre dans les salles romandes.
Ce «Black Panther 2», désormais officiellement nommé «Black Panther – Wakanda Forever», a cependant dû composer avant même le premier jour de tournage avec le décès de Chadwick Boseman, soit «Black Panther» lui-même, emporté par un cancer foudroyant. Très vite, il a été décidé de ne pas recréer numériquement l’acteur mais d’intégrer son décès dans le scénario. «Wakanda» s’ouvre donc sur une note tragique avec un prince T’Challa frappé par un mal subit et qui, hors champ, vit ses dernières minutes alors que sa sœur Shuri (Letitia Wright), la scientifique de la famille, tente vainement de trouver un remède.
Crise politique
Le pouvoir laissé vacant revient à Ramonda (Angela Bassett), la mère de la Panthère noire. Cette dernière commence par devoir gérer une crise politique internationale avec de nombreux pays, en théorie alliés, qui convoitent un peu trop âprement le vibranium, précieux minerais qui fait du Wakanda la puissance mondiale la plus avancée. Anecdote croustillante, la France joue dans cette crise le mauvais rôle. Pourquoi elle? Demandez à l’Oncle Sam, ou directement à l’oncle Picsou plutôt.
Mais très vite la régence du royaume abandonne ces broutilles mesquines en découvrant l’existence du Talocan, nation des abysses vivant totalement cachée du monde, comme le Wakanda mais sous l’eau. Suite à quelques malentendus scolairement introduits, on a très vite l’impression que certains mots vont dépasser certaines pensées, que la poudre va parler, que les lances vont voler et que guerriers et guerrières vont pouvoir laisser s’exprimer au ralenti leur expertise chorégraphique.
Les mêmes signes d’essoufflement
«Wakanda Forever» est une production Marvel. Une de plus. Le nouveau rejeton d’une franchise qui donne depuis longtemps des signes d’essoufflement. Ses symptômes les plus visibles? Une esthétique qui semble ne plus avoir évolué depuis le premier «Avengers» et des effets numériques standardisés, donc plus médiocres aujourd’hui qu’hier, qui ne produisent plus aucun émerveillement. Naïvement, on espérait que le scénario de «Wakanda Forever» laisse entrevoir quelque chose, une lueur d’espoir en quelque sorte. On y a cru quelques minutes… en vain. Surtout après avoir constaté que le pool d’écriture semblait moins préoccupé de construire une histoire que d’insérer des trames narratives à développer dans un «Black Panther 3» (déjà annoncé), dans un autre film ou dans une autre série Marvel.
En résumé, des idées parfois pertinentes mais balancées à la va-comme-je-te-pousse, des personnages fonction (pauvre Martin Freeman qui, dans ce film en particulier, ne sert strictement à rien), une intrigue qui se délite entre deux longs tunnels dialogués, des scènes d’action moches mais de bien jolies bandes-annonces.