Football«Le FC Sion? Je vous le donne. Mais à une seule condition…»
Alors qu’il cherche un repreneur à moyen terme, Christian Constantin évoque son futur désengagement et la meilleure façon de passer la main. Avant la reprise, il parle aussi ambitions et style de jeu.
- par
- Nicolas Jacquier
Christian Constantin, vous nous aviez récemment dit payer, à l’heure du café, chaque matin de chaque jour ouvrable 20 000 francs de votre poche, ceci depuis 16 ans, afin d’entretenir le FC Sion en équilibrant son budget, cela fait beaucoup d’argent…
Cela fait surtout cher le café! Sans parler que ce café-là ne cesse d’augmenter comme beaucoup de choses.
Depuis toutes ces années à la tête du FC Sion, avez-vous le sentiment d’en avoir eu pour votre argent?
J’ai fait comme j’ai pu, étant acquis que je le voulais aussi. Cela fait pas mal de dizaines de millions de francs injectés et donc pas mal de générosité. Quand je fais l’addition de ce que j’ai déjà mis, je me dis que j’ai quand même été un peu con. Finalement, j’étais d’accord d’être un peu con comme il existe des cons intelligents dépeints par Michel Audiard.
Si c’était à refaire…
Évidemment que je le referai! Même si cela coûte aussi pas mal d’énergie. Sion a toujours davantage été une équipe de Coupe que de championnat. Le truc du K.-O., ça correspond bien au caractère valaisan. Gagner sept finales de suite pour garnir les 13 étoiles du drapeau, il fallait quand même le faire et on l’a fait. La Coupe reste le trophée le plus populaire dans l’esprit des gens. Parce qu’il reste accessible à tous et concerne toutes les catégories de jeu au départ de la compétition. Même si sa magie opère peut-être moins depuis quelques années, la Coupe reste l’équivalent du Lauberhorn en ski ou d’une Fête fédérale de lutte.
Venons-en au présent avec le prochain coup d’envoi du championnat. Question simple: Sion peut-il refaire le coup du FC Zurich?
On peut en tout cas l’imaginer… On est tous des compétiteurs, sur la même ligne de départ, avec les mêmes règles.
Le maintien de Paolo Tramezzani sur le banc du FC Sion a surpris beaucoup de monde cet été. Alors que vous aviez été le premier à vous en plaindre, déplorant l’absence de spectacle, pourquoi avoir choisi de continuer avec lui?
Est-ce que Paolo est en mesure d’apporter plus que ce qu’il a donné jusque-là? C’est ce que je lui ai demandé. À sa décharge, il doit aussi composer avec ce que je lui donne. Prenez le cas du Guillaume Hoarau de la saison dernière, il était plus là pour écrire son album que pour jouer au foot! J’espère qu’avec les ingrédients qu’on va encore lui mettre à disposition, le coach nous concoctera une meilleure recette. Mon souhait, c’est de vivre un truc plus sympa, avec plus de vie autour du ballon. De toute façon, cela aurait été pour le remplacer par qui? Tout le monde me parle sans cesse de Peter Zeidler mais je vous ferais remarquer qu’il a perdu ses deux finales de Coupe, lui.
Imaginons que l’on veuille racheter le FC Sion, quel en est le prix de vente?
Vous voulez reprendre le FC Sion? Mais je vous le donne, comme je le donnerais à n’importe qui d’autre. Mais à une seule condition. Que vous ayez l’argent pour en garantir le train de vie durant les cinq prochaines années, également au niveau de ses infrastructures. Je n’aurais pas tellement envie d’avoir besoin de me repointer pour sauver le club une nouvelle fois! Au final, je ne suis pas certain que tout le monde a la capacité d’organiser une choucroute annuelle à un million de francs.
Le FC Sion reste la passion d’une vie mais était-ce la bonne?
Elle est le prolongement de ma culture de gamin. Quand il y avait de la neige, on skiait. Quand ça gelait sur les gouilles, on patinait. Et quand on trouvait un ballon, on jouait au foot. Aujourd’hui, après toutes ces années dont certaines n’ont pas été faciles, j’aspire juste à prendre encore du plaisir.
Au moment de chercher à passer la main, quelle sera la vie de Christian Constantin sans le foot?
Ma vie ressemblera à celle des autres. Et un jour, tout s’arrêtera et on m’aura oublié le lendemain.