EPFLLancement d’une grande enquête sur la mobilité lémanique
Plus de 10 000 personnes vont être questionnées et un quart suivies par GPS pour connaître leurs déplacements et leurs comportements face à l’urgence climatique.
- par
- Comm/M.P.
«Plusieurs recherches récentes ont montré que la simple optimisation technologique de secteurs stratégiques tels que le parc automobile et le bâti ne permettra d’atteindre qu’à hauteur de 50% les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat», explique Vincent Kaufmann, directeur du Laboratoire de sociologie urbaine (LaSUR) à l’EPFL. «Deux autres stratégies doivent donc selon nous être investiguées, en suivant les recommandations de l’ONU: celle du changement des modes de vie et celle de la sobriété».
En partant de ce constat, l’EPFL s’est mise en lien avec le Canton de Vaud, le Canton de Genève et le Grand Genève, afin de mieux connaître les habitudes de vie et de consommation des ménages et d’identifier des leviers pour l’action publique. Baptisé «Panel lémanique», ce projet de recherche, piloté par la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC) de l’EPFL, se présente sous la forme de questionnaires en ligne. Un panel de mêmes personnes sera interrogé deux à trois fois par année, au sujet de ses modes de vie et de ses opinions. En tout, plus de 10’000 panélistes, sélectionnés de manière aléatoire tout en étant représentatifs de la société et du territoire, sont concernés. Une demande de participation au premier questionnaire consacré à la mobilité leur est parvenue par courrier fin octobre.
Une recherche qui durera 5 ans
Géographiquement, le panel couvre les cantons de Genève et de Vaud, le Bas-Valais, le Pays de Gex, le Chablais et le Genevois français. La région lémanique franco-suisse est apparue comme idéale aux scientifiques de l’EPFL pour travailler sur la durabilité des pratiques, car elle réunit des territoires aussi variés que des centres de grandes villes, des banlieues denses, des petites et moyennes villes et des zones rurales et de montagnes.
Prévu sur cinq ans, le projet de recherche va permettre de mesurer l’évolution des comportements, des usages et des opinions sur des modes de vie à la manière d’un observatoire. Les données, qui seront totalement anonymisées, pourront en outre être utilisées au niveau mondial à d’autres fins de recherche.
Avec le premier volet d’enquête sur la mobilité, les scientifiques cherchent par exemple à comprendre combien de personnes souhaitent être moins dépendantes de la voiture, mais sont actuellement dépourvues d’alternatives dans leur lieu de vie. Les déplacements professionnels et de loisirs, le nombre de véhicules par ménage, le nombre de résidences, les types de déplacements en vacances et le taux de télétravail sont d’autres exemples de thématiques abordées par le questionnaire.
Cette enquête sera complétée début 2023 par un suivi GPS d’un quart des panélistes sur une base volontaire. Une application smartphone recueillera pendant trois semaines l’ensemble de leurs déplacements et mesurera les distances parcourues par mode de transports. Indirectement, ces données permettront de comptabiliser leurs émissions de gaz à effet de serre et d’observer leurs rythmes de vie.
La consommation étudiée en 2023
La prochaine enquête, prévue au printemps 2023, traitera des habitudes de consommation alimentaires et non alimentaires des ménages. «Toutes ces données étaient jusqu’à présent récoltées de manière non coordonnée, explique Vincent Kaufmann, directeur du projet. Notre but est de réunir ces informations et de les traiter de manière exemplaire au niveau scientifique et éthique, afin d’identifier des solutions de réduction du bilan de gaz à effet de serre de nos modes de vie basées sur des faits.» Au-delà de la recherche scientifique, les résultats doivent aussi servir à faire évoluer efficacement et dans un sens vertueux les politiques publiques concernées, par exemple sur l’aménagement du territoire et la mobilité.