États-UnisLa Fed relève ses taux, entre inflation et turbulences bancaires
Le principal taux directeur de la banque centrale américaine se situe désormais dans une fourchette de 4,75 à 5% et l’institution n’écarte pas d’autres hausses. En outre, pour 2023, elle anticipe une inflation à 3,6 pour cent.
La banque centrale américaine (Fed) a relevé, mercredi, son taux d’un quart de point, comme attendu, toujours préoccupée par l’inflation, et malgré des turbulences sur le secteur bancaire qui, a-t-elle averti, risquent de «peser» sur l’économie. Le principal taux directeur de la Fed se situe désormais dans une fourchette de 4,75 à 5%, au plus haut niveau depuis 2006, et l’institution prévoit des hausses supplémentaires.
La Fed a par ailleurs averti que la récente crise des banques était «susceptible de peser sur l’activité économique, les embauches et l’inflation». «L’ampleur de ces effets est incertaine», a-t-elle souligné. Elle a cependant réaffirmé que «le système bancaire américain» était «solide et résilient», et que son comité de politique monétaire restait «attentif aux risques d’inflation».
Les responsables de la Réserve fédérale anticipent majoritairement des hausses supplémentaires du taux dans les mois à venir, mais évoquent plus largement «des actions supplémentaires de raffermissement de la politique», sans mentionner les taux spécifiquement. Mais l’argent des épargnants est «en sécurité» et le système bancaire reste solide, a assuré, mercredi, le président de la Fed, Jerome Powell, qui a souligné que l’institution est «résolue à tirer les leçons de l’épisode».
Malgré les difficultés, la possibilité d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine «existe toujours», a ajouté Jerome Powell, affirmant que la Fed «tente de trouver» le bon chemin.
Juguler l’inflation ou marquer une pause?
La Fed a par ailleurs mis à jour, mercredi, ses prévisions économiques, dont les dernières avaient été publiées en décembre. Elle anticipe désormais une inflation pour 2023 à 3,6%, contre 3,5% auparavant, et pour 2024 à 2,6%, contre 2,5 pour cent. Les prévisions en termes de croissance du Produit intérieur brut (PIB) ont été révisées en légère baisse, à 0,4% contre 0,5% pour 2023, et à 1,2% contre 1,6% pour 2024.
La puissante Fed se trouvait face à un difficile arbitrage: continuer à relever son principal taux directeur pour juguler la forte inflation ou marquer une pause, afin d’éviter d’aggraver les difficultés des banques, les anticipations montrant les hésitations du marché sur le sujet. Les faillites des banques régionales américaines Silicon Valley Bank (SVB), Signature Bank et Silvergate ont créé une vague d’inquiétudes. Gouvernements, banques centrales et régulateurs sont intervenus en urgence pour tenter de rétablir la confiance, meilleure arme pour éviter une contagion.
Wall Street reste prudent
Après deux séances de rebond, en début de semaine, les Bourses européennes ont évolué, mercredi, autour de l’équilibre et terminé sur une tendance mitigée. Wall Street restait très prudent à la mi-journée, en légère hausse. «La pression sur les titres du secteur bancaire semble se relâcher après les actions des régulateurs pour restaurer la confiance», avait commenté, mardi, Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE, qui n’écarte toutefois pas le risque de «crainte de nouvelles faillites et d’un risque de contagion».
La Fed a prêté environ 164 milliards de dollars aux banques américaines en quelques jours, afin que tous les clients qui souhaitaient retirer leur argent puissent le faire, ainsi que 142,8 milliards aux deux entités créées par les régulateurs américains pour succéder à SVB et à Signature Bank.